PARIS, 10 fév 2013 (AFP) – L’automobile joue une partie de son avenir ce mardi 12 février avec d’ultimes négociations chez Renault, en quête d’un accord de compétitivité, et chez PSA sur la restructuration à venir, alors que des salariés en colère ont prévu de manifester devant le siège de Goodyear dont l’usine d’Amiens-Nord pourrait fermer.
[source Paris-Normandie]
Il y a cent ans, le 10 février 1913, débutait dans les usines Renault la deuxième grève du chronométrage, après celle des 4 et 5 décembre 1912. Déjà, l’industrie automobile jouait une partie de son avenir…
L’automobile : symbole du XXe siècle ?
En 1913, 45 000 automobiles sont produites en France. L’automobile ne se démocratise pas encore, mais inéluctablement, elle prend sa place centrale dans la société et la vie des familles françaises (que nous évoquions dans notre billet Automobile et famille, une histoire du XXe siècle).
À Paris circule en janvier 1913 le dernier bus hippomobile. Fin d’une époque.
Avant même leurs droits civiques, les femmes conquièrent ceux de la modernité et conduisent leur automobile. Timides débuts d’une nouvelle ère…
L’automobile, véritable symbole de la modernité, en cristallisera au XXe siècle tous les aspects : les progrès scientifiques et techniques, les évolutions de la société, le capitalisme et les luttes sociales…
M. Renault, M. Taylor et… les ouvriers
Les usines Renault en 1913
De 1900 à 1913, la société Renault passe de 110 employés à 4400 ouvriers et dans le même temps sa production progresse de quelques unités à 4200 voitures par an. En 1913, Renault est le premier constructeur français par le chiffre d’affaires et le premier ex-æquo avec Peugeot pour la production de voitures. 1
La France compte alors 600 constructeurs automobiles !
Dès 1909, Renault met en œuvre l’organisation scientifique du travail avec la rénovation de l’outillage par la création de nouvelles formes d’outils et le chronométrage des temps de travail en vue de la fixation du salaire. En 1912, la taylorisation ne touche que deux ateliers. Face aux réticences des ouvriers (beaucoup quittent l’atelier) et au coût de la réorganisation, Louis Renault est obligé de suspendre la généralisation du taylorisme avant de la reprendre de plus belle en novembre 1912 pour faire face à la concurrence américaine. 1
La grève du chronométrage chez Renault en février-mars 1913
Le 10 février 1913, le conflit reprend. La grève éclate à nouveau, et se généralise sur 3 revendications : « la suppression du chronométrage, le maintien des délégués avec formation d’une commission ouvrière du travail, suppression du paiement des pièces loupées et des outils cassés ». Les deux dernières sont acceptées, la première est refusée. Louis Renault tient ferme sur ses positions. Il licencie certains de ses ouvriers grévistes (436), ferme ses ateliers. Du côté des grévistes, une solidarité ouvrière s’établit autour de L. Jouhaux et G. Dumoulin, secrétaires nationaux de la CGT (émission d’un timbre national de solidarité…). Mais, le 26 mars, la grève est un échec total, malgré un nombre de grévistes de 3 818. Cette grève échoue car L. Renault adopte une stratégie répandue chez le patronat français, stratégie qui « combine conciliation et répression ». 1
La citation
« Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise :
sa réputation et ses hommes. »
Henry FORD
1. source : « Les résistances ouvrières au taylorisme chez Renault ».