<= revoir l’éphéméride de mars 1913
En ce mois d’avril 1913, des incidents entre l’Allemagne et la France occupent les unes des journaux français, et en premier lieu, dès le début du mois, l’atterrissage d’un Zeppelin sur le terrain de manœuvres de Lunéville.
D’incident en incident, tensions diplomatiques franco-allemandes…
L’évènement d’avril 1913 en France : l’incident de Lunéville
Le 3 avril, le Zeppelin-IV, dirigeable militaire allemand à l’essai, se pose sur le Champ de Mars non loin du « Versailles lorrain », en Meurthe-et-Moselle. Un évènement qui restera connu sous le nom d’ « incident de Lunéville » et fut d’autant plus suivi que les contemporains se passionnaient pour les exploits de l’aéronautique naissante.
Les allemands furent évidemment dépités que les français puissent ainsi examiner sous toutes ses coutures le fleuron de leur aéronautique militaire, ce dont ils ne se privèrent pas. Cet incident, attisé par les plumes acérées des journalistes « patriotards » des deux bords – et en l’absence de droit international aérien – aurait pu déclencher un conflit. On pouvait notamment craindre de la part des « hôtes » français un esprit de revanche, certains journaux pangermanistes ayant en effet déclaré trois ans plus tôt que « si des aéroplanes français apparaissaient au-dessus du territoire annexé, on les reçut à coup de mitraille ».
Mais le gouvernement de Louis BARTHOU décida rapidement de laisser repartir l’infortuné aéronat et l’on salua outre-Rhin l’ « esprit chevaleresque » de la France. Incident clos.
Si vous souhaitez en découvrir plus sur ce fameux incident, je vous invite à découvrir ces articles, ici ou là.
En avril 1913 : en marche vers la Grande Guerre
Le 7 avril, le chancelier allemand BETHMANN-HOLLWEG prononce un discours au Reichstag un discours en faveur des armements.Il déclare notamment que les relations avec la France sont bonnes, mais s’en prend au chauvinisme français.
La « détente » qui suivit la fin de l’incident de Lunéville fut de courte durée : le 13 avril survient l’ « incident de Nancy ». Cette rixe entre français et touristes allemands fut montée en épingle, avec une mauvaise foi certaine, par les journaux pangermanistes Elle servit en fait de prétexte au retour à une mésentente cordiale ! L’Humanité en une du 16 avril qualifie cet « incident ridicule » de « Querelle des Fous ».
Dans ce contexte, on peut trouver cocasse la une du Petit Parisien du 17 avril, qui titre à la fois sur l’incident et sur le vol de l’aviateur DAUCOURT de Paris à… Berlin. Décidément, une drôle d’époque !
Pour clore ce mois émaillé d’incidents diplomatiques, le 22 avril un biplan militaire allemand à court de carburant, « monté par deux officiers », atterrit à Arracourt. La petite commune alors frontalière était déjà célèbre à l’époque pour avoir été le théâtre le 26 novembre 1912 d’une mobilisation générale, suite à une méprise du receveur des postes.
L’aéroplane est finalement autorisé par M. Lacombe, sous-préfet de Lunéville, à partir par la voie des airs.
Nouvel incident clos, la guerre sera pour plus tard.
Une guerre pour laquelle les commentateurs de l’époque affirment avec forces cartes et autres arguments que l’issue sera favorable à la France… peut-être : « Avec la loi de trois ans, la victoire probable ».
Naissances et décès en avril 1913 en France
En avril 1913 disparaissent…
En avril 1913 décède à Nîmes Jean-Marie Melchior DOZE, né le 18 décembre 1827 à Uzès (Gard), peintre spécialisé dans la peinture religieuse. Le capitaine Pierre CLAVENAD, aviateur militaire, meurt dans un accident de ballon Zodiac, la « catastrophe » du 17 avril 1913 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Jean Joseph Marie Alphonse MOUTTE, né le 4 mars 1840 à Marseille, Bouches-du-Rhône, y décède le 21 avril 1913. L’ascendance de ce peintre naturaliste de l’École Provençale du XIXe siècle – dont les œuvres peuvent fournir de belles illustrations pour nos généalogies – est disponible sur Geneastar ou encore ici.
Ce mois d’avril 1913 voit aussi le suicide de l’anarchiste et meurtrier Léon LACOMBE dit Léontou ou « le chien », qui se jette du toit de la prison de la Santé. Il aurait déclaré à l’un de ses gardiens : « Vous ne m’aurez pas comme vous le croyez. Quand mon heure sera venue, je saurai disparaître. On ne me conduira pas à la guillotine » (source Dictionnaire des militants anarchistes). Mais d’autres y furent conduits : le 21 avril tombèrent les têtes d’Étienne MONIER dit Symestoff, André SOUDY et Raymond CALLEMIN dit la Science. Ainsi finirent les « bandits tragiques », la tristement célèbre « bande à Bonnot ».
Enfin, les journaux d’alors annoncèrent aussi la disparition d’Ernest CONSTANT (1833-1913), homme politique, ainsi que de Mme Antoni POINCARÉ à l’age de soixante-quatorze ans, mère du président POINCARÉ.
En avril 1913 naissent en France :
le 3 avril à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), André LAVERGNE
(† 18 octobre 1992 à Cambo-les-Bains, Pyrénées-Atlantiques) Militaire de carrière, compagnon de la Libération. Il s’illustra pendant la 2ème Guerre Mondiale et participa notamment au débarquement de Normandie avec la 2e DB. Il se hissa jusqu’au grade de général de corps d’armée et fut maintes fois décoré : Grand Officier de la Légion d’honneur, Croix de Guerre, Croix de la Valeur militaire… |
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le 9 avril à Colombes (Hauts-de-Seine), Jolyse dite Lise DELAMARE
(† 25 juillet 2006 à Paris) Actrice. Comédienne de théâtre et au cinéma, sociétaire à la Comédie-Française. Elle fut en 1933 premier prix du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, qu’elle rejoint 33 ans plus tard en tant que professeur. Patrick Chesnais, Nicole Garcia, Sabine Azéma, Francis Huster, Daniel Auteuil, Didier Bourdon et bien d’autres lui doivent leur formation théâtrale [source Wikipédia]. |
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le 14 avril 1913 à Rouen (Seine-Maritime) naît Jean FOURNET († 3 novembre 2008 à Hilversum, Pays-Bas) Chef d’orchestre. Après avoir étudié au Conservatoire de Paris, il fit ses débuts en 1936 dans sa ville natale. Il poursuivit ensuite une carrière internationale de professeur et de chef d’orchestre, dirigeant encore à plus de 90 ans. |
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le 10 à Buenos Aires (Argentine), Helenio HERRERA Gavilàn , « H.H. »
(† 9 novembre 1997 à Venise, Italie) Footballeur et entraîneur. Défenseur, naturalisé français en 1926 lorsque ses parents émigrent au Maroc. Il est cité par certains comme l’un des entraîneurs les plus marquants du XXe siècle, stratège, vainqueur avec l’Inter de Milan dans les années 1960, deux fois de la Coupes d’Europe des clubs champions et de la Coupe intercontinentale, ainsi que de trois championnats d’Italie. |
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le 18 avril à Goussainville (Val-d’Oise), Robert OUBRON († 7 février 1989 à Paris) Cycliste. Gagna de nombreuses courses cyclistes et de cyclo-cross. Il a notamment remporté cinq fois le championnat de France de cyclo-cross et quatre fois le critérium international de cyclo-cross (championnat du monde officieux) [source Wikipédia]. |
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le 27 avril 1913 à Plougastel (Finistère), Pierre BOLZER
(† 26 février 1943, fusillé au Mont-Valérien) Résistant. Franc-tireur, condamné à mort et fusillé au Mont-Valérien. Je vous invite à lire la lettre d’adieu poignante qu’il écrit avant de « nous quitter tous pour toujours ». |
Et n’oublions pas William GOULD (né le 16 avril 1913 à Genève, Suisse, décédé le 20 février 1980 à Paris), compagnon de la Libération, Jacques MAILLET (né le 20 avril 1913 à Paris, mort le 31 mars 2009 à Orry-la-Ville, Oise), résistant, alias Mirabeau, Marquet ou encore Marc, compagnon de la Libération, et Maxime de CONIAC (né le 26 avril 1913 à Rennes, Ille-et-Vilaine, mort à Saint-James, Manche, le 10 juillet 2003), homme politique de la Manche, exploitant agricole de profession.
Quelques images d’avril 1913
d’avril 1913 .
La citation
« A la petite-fille du maire d’Arracourt, arrivée la première sur les lieux, un des officiers [allemands] demanda en français :
- Où sommes-nous ?
- Vous êtes en France, déclara la jeune fille.
N. de D… ! fut la réponse de l’officier, qui parut atterré par cette déclaration. »
Le Petit Parisien, une du 23 avril 1913
« J’ai toutes raisons de croire que le gouvernement français actuel veut vivre en paix avec nous. L’avenir amènera-t-il un changement ? Et lequel ? C’est ce que personne ne sait. Je ne crois pas qu’aucun homme d’Etat désire une guerre, car on ne peut s’en représenter les dimensions. »
propos du discours devant le Reichstag du chancelier BETHMANN-HOLLWEG du 7 avril 1913,
rapportés en une du Petit Parisien du 8 avril 1913
=> vers l’éphéméride de mai 1913
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