<= revoir l’éphéméride d’avril 1913
En ce mois de mai 1913, à la une des quotidiens français flottent les drapeaux, et sous les drapeaux, la révolte des conscrits…
L’évènement de mai 1913 en France : des soldats manifestent contre le service de 3 ans
Le mois de mai 1913 est placé sous le signe des drapeaux :
- En une de l’Humanité du 1er mai, Poulbot brandit le drapeau rouge des travailleurs.
- Mais quand La Croix titre
Flottez drapeaux !..
, sur sa une du 4 mai, il s’agit cette fois de drapeaux blancs et bleus, aux couleurs de Jeanne d’Arc. - Enfin, le drapeau tricolore évidemment, sous lequel servent les conscrits…
Après le vote de la Chambre approuvant le maintien sous les drapeaux de la classe 1912, libérable, des appelés se révoltent, au cri de A bas les trois ans !
. Dans la soirée du 17 mai se déroulent de graves incidents antimilitaristes à Toul
, dixit le quotidien La Croix. Puis ce sera le tour de Belfort, de la caserne Reuilly à Paris, de Nancy, Mâcon, de Châlons-sur-Marne, Commercy, Orléans, Saint-Denis, Rodez…
Si certains voient dans ces protestations une manifestation spontanée de la jeunesse, d’autres y voient des manœuvres politiciennes, voire même un complot antipatriote. C’est le cas du Général PAU, membre du Conseil supérieur de la guerre en charge de l’enquête sur les incidents de Toul, qui déclare : Mutinerie militaire ? Non. Complot politique ? Oui.
[La Croix, une du 23 mai]. Pour l’anecdote, le Lieutenant PAU fut blessé lors de la guerre de 1870-1871 puis amputé de l’avant-bras droit, ce qui ne l’empêcha pas de poursuivre une brillante carrière militaire (voir son portrait sur la dernière une ci-dessous).
L’Humanité et La Croix évoquent le sort de 16 soldats de Toul passés devant le Conseil de Guerre. Quel fut leur destin ? Bien d’autres passèrent devant le conseil de discipline, finirent dans les prisons militaires, furent rétrogradés…
En mai 1913 : en marche vers la Grande Guerre
En mai 1913, les journaux français passent en revue l’arsenal militaire français.
L’Humanité titre La France a-t-elle une aviation ?
, en affichant une illustration comparant les flottes militaires aériennes en présence, tirée de la revue américaine Aircraft d’avril 1913.
Le journal La Croix présente Les moyens d’action de la marine moderne : le sous-marin – le contre-torpilleur – l’aéroplane
(cf. illustration ci-dessous).
Le même journal évoque en une du 8 mai une nouvelle balle
. Il s’agit de la balle Derguesse, qui aurait pu devenir la nouvelle munition du vénérable fusil Lebel, équipant l’armée française depuis 1886. Mais à notre connaissance, malgré ses qualités balistiques elle n’a pas détrôné la balle D, dont la description détaillée ne figure pas encore [en 1913] dans les documents publics
. qui elle-même avait entre 1903 et 1905 remplacé la balle M.
Tandis que se déroule en Méditerranée les grandes manœuvres navales
de la Marine française, la seule bonne nouvelle dans ce contexte guerrier – ne vous y fiez pas trop toutefois – est la signature du Traité de Londres le 30 mai qui met fin à la première guerre des Balkans.
Naissances et décès en mai 1913 en France
En mai 1913 disparaissent…
Le 5 mai 1913 décède à Paris le peintre Henry MORET (né en 1856 à Cherbourg, Manche), qui peint surtout la Bretagne et reste un des meilleurs représentants de « l’École de Pont-Aven » (biographie). La chanteuse de cabaret Thérésa, née Eugénie Emma VALLADON en 1837 à La Bazoche-Gouët (Eure-et-Loir), s’éteint le 14 mai dans sa villa des Lauriers à Neufchâtel-en-Saosnois (Sarthe) : ses mémoires, « écrits par elle-même » (sic) en 1865. Elle est considérée comme l’artiste qui a fait naître l’industrie du spectacle en France. Le Petit Parisien consacre à l’idole du public parisien
un entrefilet sur sa une du 16 mai.
Le 8 mai à Digoin (Saône-et-Loire) meurt François DUCAROUGE, né le 13 octobre 1859 à Molinet (Allier), homme politique, maire, député de Saône-et-Loire. Enfin, le 18 mai 1913 disparaît à l’âge de 80 ans Arsène Denis Olivier REYNAUD de BARBARIN, figure militaire de la Manche, chevalier de la Légion d’honneur à 22 ans (biographie, dossier de Légion d’honneur).
En mai 1913 naissent en France :
le 1er mai 1913 à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), Max-Pol FOUCHET († 22 août 1980 à Vézelay, Yonne) Poète, écrivain, critique d’art et homme de télévision. Un prix littéraire de poésie porte son nom. |
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le 3 mai à Paris, René KÜSS († 20 juin 2006 à Paris) Chirurgien, pionnier de la transplantation rénale. Membre de l’Académie de médecine, prix Medawar (2002), la plus haute distinction scientifique dans le domaine de la transplantation [source Wikipédia]. Il était aussi collectionneur d’art. |
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le 7 mai 1913 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) naît François BROUSSE Philosophe. Professeur de philosophie, auteur d’environ quatre-vingt ouvrages publiés à partir de 1938 : poésie, essais (métaphysiques, astronomiques, historiques, ésotériques), romans, théâtre et contes [source Wikipédia]. |
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le 13 mai 1913, Théodore dit « Teddy » BILIS († 30 avril 1998 à Paris) Acteur de théâtre, de cinéma et de télévision. Il a aussi réalisé de nombreux doublages. Il a joué de 1937 à 1994. |
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le 18 mai 1913 à Narbonne (Aude), Louis Charles Augustin Georges dit « Charles » TRENET Est-il encore utile de présenter ce chanteur, auteur-compositeur-interprète, connu comme « le fou chantant » ? On lui doit parmi ses 1000 chansons, des succès comme La Mer, Y’a d’la joie ou encore Douce France. |
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le 26 mai à Paris, Pierre DANINOS († 7 janvier 2005 à Paris) Journaliste, écrivain et humoriste. Connu surtout pour Les carnets du major Thompson (1954). |
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le 28 mai à Bretteville-en-Saire (Manche), Raymond Jean JUPILLE Peintre. Il déclina de nombreuses techniques : peinture, dessin, céramique, tapisserie, lithographie, vitraux. |
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le 30 mai 1913 , Maurice COLIN († 14 mars 1999 à Dijon, Côte-d’Or) Écrivain et traducteur. Agrégé de russe et d’allemand, il a traduit notamment les fables d´Alexandre Pouchkine. |
Et n’oublions pas Pierre RATEAU (né le 14 mai 1913 à Aubigny-sur-Nère, Cher, où il décède le 27 juin 1956), dit « Henri POILY » dans les Forces Françaises Libres, Compagnon de la Libération, et Albert VIDALIE (né le 25 mai 1913 à Châtillon, Hauts-de-Seine, mort à Paris le 8 juin 1971), écrivain, scénariste et parolier.
Quelques images de mai 1913
En mai 1913, le retour des festivités, mais aussi des fêtes de gymnastique. La gymnastique qui prépare les corps… au combat !
Comme l’atteste la une du Petit Parisien du 13 mai, qui titre M. Barthou parle aux gymnastes du « devoir national »
.
Citations
« Le drapeau rouge fait frémir votre pensée ?
Vous prenez de grands airs de pudeur offensée
Devant son ardente couleur ?
Quand, paisible, au-dessus de la foule il déploie
Sa pourpre d’éclatante fleur ?Le symbole de notre espoir toujours vivace,
Vous n’en parlez, bourgeois, qu’en vous voilant
Il vous paraît trempé de sang ? [ la face ?
Il vous fait entrevoir d’effroyables tueries,
Le chaos, le retour aux pires barbaries,
La nuit du monde finissant ?»L’Humanité, une du 1er mai 1913 – extrait Le Drapeau Rouge
« Nous étions au bord de l’abîme, mais depuis, nous avons fait un grand pas en avant. »
Pierre DANINOS
=> vers l’éphéméride de juin 1913
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