Le 5 octobre 1914, le sergent Joseph FRANTZ, pilotant son biplan Voisin et accompagné de son mécanicien et mitrailleur le caporal Louis QUENAULT, devint le premier vainqueur d’un combat aérien de l’histoire de l’aéronautique militaire.
Ironie généalogique, le premier as de l’aviation française avait des origines… allemandes !
Ne sommes-nous tous pas frères et sœurs sur cette terre ?
5 octobre 1914 : première victoire en combat aérien de l’histoire mondiale de l’aviation – première Guerre Mondiale
5 octobre 1914, combat aérien dans le ciel champenois
Le 5 octobre 1914, au lieu-dit La Tuilerie à Muizon (Marne), à quelques kilomètres au sud-ouest de Reims, Joseph FRANTZ pilote son biplan Voisin III et son mécanicien tireur, le sapeur QUENAULT, abat avec sa mitrailleuse Hotchkiss, un Aviatik B.I allemand en quarante-sept balles.
Voici le récit d’un témoin de l’époque, rapporté par le magazine La guerre aérienne illustrée, dans son édition du 2 janvier 1919.
A 10 h. 5, arrivait des lignes allemandes un biplan Voisin. Au ronflement des moteurs, les jumelles sont braquées ; elles sont inutiles. L’œil va suivre seul, car l’Allemand descend pour éviter le Français.
L’Allemand est à 1 500 mètres environ. Le Français fonce droit sur lui, se maintenant un peu plus haut que lui. Du bord français partent des coups de mitrailleuses : ta-ta-ta-ta… ta… ta… L’Allemand passe sous le Français et essaie de filer vers ses lignes, vers le nord ; le Français, gardant sa hauteur, se retourne en un cercle d’un très petit rayon, gagne de vitesse l’Allemand, le surpasse, le dépasse, se retourne et revient sur l’Allemand qu’il tiraille en le surplanant toujours. L’Allemand exécute quelques cercles dans l’air en fuyant le Français. L’Allemand se défend : nous entendons quelques coups d’une arme de plus gros calibre qu’une mitrailleuse, les adversaires tournent toujours dans l’air en se cabrant.
L’Allemand perd un peu de hauteur, essaie de se relever, de reprendre le nord : la mitrailleuse française tire de plus en plus vite : ta-ta-ta-ta… ta… ta-ta-ta-ta ; puis, c’est à toute vitesse que tire la mitrailleuse française — un grésillement de sel dans le feu.
L’Allemand perd sa hauteur et subitement fait un court cercle, et revient sur le biplan français. La mitrailleuse crépite encore : l’aviatik tangue trois fois, pique du nez et s’abat en spirale, la queue vers le ciel. Le biplan vainqueur plane en faisant des cercles en l’air au-dessus de l’Allemand qui tombe, comme un oiseau de proie au-dessus de l’oiseau abattu.
Nous avons assisté à ce drame merveilleux, de la terrasse du château.
Un « drame merveilleux »… auquel ne survécurent pas les deux aviateurs allemands, le sergent Wilhelm SCHLICHTING, pilote, et le sous-lieutenant Fritz von ZANGEN, observateur. Un fait d’arme qui devint la première victoire en combat aérien de l’histoire, et valut à Joseph FRANTZ la Légion d’honneur et au sapeur QUENAULT la médaille militaire.
L'invention de la chasse par liberation
La vie et la carrière de Joseph FRANTZ (1890-1979)
Joseph Marie François FRANTZ naît le 7 août 1890 à Beaujeu (Rhône). Rattaché à la classe 1910, il est enregistré au 1er bureau de Paris, sous le n° 4629.
Il obtient son brevet de pilote, n° 363, le 3 février 1911 à Mourmelon (Marne). Il commence son service militaire au 151e régiment d’infanterie à Verdun, avant d’être affecté au génie, qui avant la guerre chapeautait l’aviation militaire.
En 1914, il est affecté à l’escadrille de reconnaissance aérienne V 24, basée en septembre sur le terrain de Lhéry (Marne). Il est nommé sergent dès le 6 août 1914.
Après la guerre, Joseph exercera au sein de la firme Voisin en tant qu’ingénieur et pilote d’essai, avant de créer sa propre entreprise de réparation de moteurs d’avions à Boulogne-Billancourt.
Il sera de nouveau appelé sous les drapeaux en 1939.
Joseph FRANTZ a été distingué Grand officier de la Légion d’honneur et est titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre ainsi que de la médaille de l’Aéronautique
Un cousin éloigné, aussi descendant de Jacques et Marie Françoise, Antoine FRANTZ, soldat au 2e régiment d’infanterie coloniale, décéda le 23 août 1916 de blessures de guerre et fut déclaré « mort pour la France ».
Joseph FRANTZ, issu d’une lignée de verriers d’origine… allemande
Joseph Marie François FRANTZ (1890-1979), issu d’une lignée de verriers…
Joseph est le fils de joseph Philippe FRANTZ et Angèle Jeanne Marie DESTHIEUX. Joseph a été successivement épicier, marchand de vins puis négociant. Son père Jacques François, marié à Georgine Fleurine LAURENT, avait été cultivateur et propriétaire. Mais il avait démarré son activité professionnelle en tant que verrier.
Verrier, souffleur de verre, ouvrier verrier, ouvrier de verres à vitres…
Les FRANTZ sont issus d’une lignée de verriers. Ce fut le cas de François, époux de Claudine PERRIN et père de Jacques François, et de son père Jacques, marié à Marie François LAMBOLEY.
Ce métier explique sans doute l’étonnante mobilité géographique de la famille, qui se déplaçait apparemment de verrerie en verrerie, au gré des opportunités. La (modeste) généalogie patronymique de Joseph FRANTZ, consultable ici, ne compte à ce jour que dix-neuf ancêtres directs, qui ont laissé des traces dans l’état civil de cinq départements différents : Rhône (Beaujeu, Communay, Couzon-au-Mont-d’Or, Givors), Haute-Saône (Champagney, Servance), Aveyron (Viviez), Gard (La Grand-Combe) et Loire (Rive-de-Gier).
… d’origine allemande !
Jacques, qui signe Jacob, est né Jakob FRANTZ à Quierschied en… Allemagne. Il a quitté sa Sarre natale après le décès de ses deux parents. Il a épousé ensuite, en 1789, une native de Haute-Saône, Marie Françoise LAMBOLEY. Le couple donna naissance à 13 enfants, dont 11 convolèrent en justes noces, assurant à Jakob / Jacob / Jacques et Marie Françoise une nombreuse descendance.
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Le témoignage
Joseph FRANTZ est décédé à Paris en 1979, à l’âge de 89 ans. Il avait en 1965 partagé son souvenir de cette mémorable journée du 5 octobre 1914. Découvrez-le en cliquant sur l’image ci-dessous :
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