
« De père inconnu ». Voilà une mention que beaucoup de généalogistes rencontreront lors de leur recherche des ancêtres. Une mention pour tous synonymes d’interrogations et de lignée perdue ; une situation à laquelle certain(e)s – comme votre hôtesse sur ce blog – doivent aujourd’hui le nom de famille qu’ils(elles) portent !
Mais devant la mention « de mère inconnue », le/la généalogiste reste… perplexe ! Une mère inconnue ? Cela semble en effet si contraire aux règles du Droit et de la nature…
Louise, deux ans, fille de François GIRARD et d’une mère inconnue
En 1708 est inhumée à Fontenay-le-Comte (Vendée), le corps de Louise, deux ans, fille de François GIRARD et d’une mère inconnue.
Acte de Sépulture de Louise GIRARD, 1708, Fontenay-le-Comte (Vendée) | AD85, cote 2E092/6, vue 191
1. Le seiziesme de novembre mil sept cent
2. huit fu Inhumee Louise aageé
3. de deux ans fille illegitime de francois
4. girard et dune mere inconnue en
5. presence de ieanne pepin sa nourice
6. et de iean gautier
Pas le moindre début de piste pour résoudre cette énigme !
Je n’ai même pas trouvé le baptême de Louise à Fontenay-le-Comte. C’est à la fois peu étonnant, du fait de l’histoire quelque peu scabreuse qui se cache sans doute derrière cette naissance illégitime, mais tout de même, Louise est inhumée par le curé, elle a donc bien dû être baptisée.
D’autres mères inconnues…
J’ai parcouru de nombreux actes anciens sur lesquels le curé n’a pas daigné citer la mère de l’enfant ou l’épouse du père du marié ou de la mariée. Mais peu importe, elle était bien là, légitime et connue de ses contemporains, et des recherches complémentaires et d’autres actes trouvés ont pu permettre de lui donner un nom, ou tout au moins un prénom.
Mais dans le cas qui nous occupe, comme dans l’acte ci-dessus, la mère est citée mais… inconnue.
Étonnamment, le phénomène ne semble pas si rare.
Plusieurs autres cas glanés sur Internet :
- Des enfants CAYOL, nés dans le Var fin XIXe siècle, de Victor Vincent et d’une mère… inconnue, sur le blog De la terre vers la mer…
- Dans la province de Venise (Italie), de nombreux enfants nés de mère « non identifiée nommément sur l’acte », sur le blog Mes racines en Vénétie.
- Citons aussi, à une époque plus récente et dans le registre « people », l’acteur Hugh Grant, qui à l’âge de 51 ans, fin 2011, est devenu père pour la première fois… mais l’identité de la mère reste inconnue. Et le communiqué de presse de mentionner : « Lui et la mère ont eu une brève aventure, ce n’était pas planifié mais Hugh ne pouvait pas être plus heureux ».
Formule pour le baptême d’un enfant illégitime
J ‘ai par ailleurs trouvé cette Formule pour un Enfant illégitime dont le Père se déclare lui-même
, extraite de l’ouvrage Instruction sur le rituel, volume2, de Louis Albert Joly de Choin, 1748 (édition de 1819 consultable sur Google Books) :
Si le père d’un enfant illégitime est lui même présent au Baptême de cet enfant, et le reconnoît pour sien ; ou si, étant absent, il le reconnoît par un acte en bonne forme, il faut ainsi dresser l’acte de baptême :
« L’an … le… jour du mois d… a été baptisé par moi curé ou prêtre soussigné, N. (ici le nom de Baptême de l’enfant), né de N. (ici les nom, surnom et qualités du père), qui s’est lui-même déclaré père et a reconnu ledit enfant pour sien ; et N. (ici les nom, surnom et condition de la mère de cet enfant). Le Parrain, etc. »
Il faut avoir attention qu’en ce cas, on ne doit pas mettre le nom de la mère, que lorsqu’elle est reconnue comme telle, ou lorsqu’elle est déclarée mère […] ; et alors il faudra ajouter dans l’acte les clauses qui ont été prescrites, selon les différens cas où l’on peut faire connoître la mère d’un enfant illégitime ; autrement, il faudra mettre « et de mère inconnue. »
Né(e) sous X
Enfin, au sujet de ce mères « trop discrètes », on ne peut manquer d’évoquer les accouchements sous X, sujet trop délicat tant d’un point de vue humain que de celui du droit pour oser décemment l’aborder en quelques mots dans ce modeste billet.
Je vous invite toutefois à découvrir sur Libération – sous un titre quelque peu racoleur – ces « trois [poignantes] batailles du X » : mère inconnue, bébé caché, fils perdu…
Que dit aujourd’hui le droit français sur la reconnaissance d’un enfant « naturel » ?
J’emprunte ces quelques extraits vulgarisés du Droit français concernant la reconnaissance d’un enfant né hors mariage au site de la mairie de Caudiès-de-Fenouillèdes :
Lorsque les parents ne sont pas mariés entre eux, la filiation s’établit différemment à l’égard du père et de la mère
La filiation maternelle est automatique dès lors que son nom figure dans l’acte de naissance alors que la filiation paternelle suppose une démarche de la part de celui-ci.Le père ou la mère de l’enfant (ou les deux ensemble), peu importe qu’ils soient tous les deux célibataires ou que le père soit marié de son côté [peuvent reconnaître un enfant]. En revanche, si la mère est mariée avec un autre homme que le père, la reconnaissance par le vrai père est nulle si le mari de la mère élève cet enfant.
La mention du nom de la mère sur l’acte de naissance de l’enfant vaut reconnaissance. Elle n’aura de démarches à effectuer que si son nom ne figure pas dans cet acte (né de mère inconnue) ou, avant la naissance de l’enfant, si elle veut que son enfant porte son nom.L’officier d’état civil qui reçoit une reconnaissance est dans l’obligation d’informer l’auteur de cette reconnaissance du caractère divisible du lien de filiation.
Cette formalité sera insérée dans l’acte.
Un parent ne peut s’opposer à la reconnaissance de l’autre parent.
La citation
« L’amour est le plus joli larcin que la société ait su faire à la nature;
mais la maternité, n’est-ce pas la nature dans sa joie ? »
La comédie humaine, Honoré de Balzac
Nous avons eu en pays savoyards un statut assez unique : celui de l’enfant donné. La mère, dans les douleurs de l’enfantement, désignant son suborneur, celui-ci se trouvait chargé du marmot, lui donnant son nom et lui réservant sa part d’héritage La seule limite juridique résidait dans l’octroi du statut d’héritier universel. Ce statut particulier, probablement issu de la tradition des « nourris » du Moyen-Age, est tombé avec l’entrée des armées françaises en Savoie à l’automne de 1792.
Je vous remercie vivement pour ces intéressants commentaires. Au cours de mes quelques recherches en Savoie, je n’ai jamais rencontré le cas d’un enfant « donné ». Vous avez raison, ce statut est vraiment unique.
Merci encore pour ce partage.
Institutrice, j’ai moi même connu une fillette qui vivait avec sa mère mais qui malgré tout était déclarée née de mère inconnue . Née vers 1950. Sa maman, mariée à l’époque avec un autre homme que le père de l’enfant, avait voulu que son enfant porte le nom de son père biologique. C’était la seule solution.
bonsoir
Idem dans le dauphiné dans l’Isère très fréquent
Bonjour,
Mon premer mari est de mère inconnue, son père l’a reconnu.
Cela s’explique par le fait qu’au moment de la naissance, elle est mariée avec autre homme.
Pour éviter les complications, elle n’a pas reconnu l’enfant, ce sont ses expliations.
Elle est décédée sans le reconnaitre.
Bonjour,
Ma mère est née de mère inconnue car celle ci, encore liée par un premier mariage, a abandonné ma mère à la naissance afin que son père biologique puisse la reconnaître. Quelques années plus tard, une fois divorcée, ma grand mère a épousé le père de ma mère mais n’a jamais reconnu sa fille. Si je connais le nom de ma grand mère, en outre, je ne peux prouver son lien avec moi, alors …si quelqu’un a une idée quant à la marche à suivre pour rattacher le chaînon manquant à ma généalogie….( ma mère est née en 1921 et décédée en 1980 )
Bonjour,
Effectivement vous ne pourrez jamais vous rattacher au chaînon manquant mais vous pouvez raconter votre histoire à votre descendance afin quelle se la transmette. Les tiers ne sont pas forcés de vous croire ou peuvent refuser un amalgame cependant rien ne vous empêche de faire des recherches et de transmettre en généalogie séparée de celle réellement prouvée. et s’il y a réellement une parenté, il se peut qu’un jour un de vos descendant ait beaucoup de caractéristiques physiques rappelant sa ressemblance avec l’ancêtre « mis en doute ». Et puis, le progrès aidant retrouver des gènes communs.
L’on n’a bien retrouvé la tête d’Henri IV dans un crâne versé dans une fosse commune.
L’essentiel est que vous ayez le courage de ne pas travestir la vérité ; de ne pas vous inventer un leurre. Surtout de ne pas vous mentir à vous même et aux vôtres.
Cordialement.
Georges
Mon Papa Roger DELHORBE est né le 29 Décembre 1905, de mère inconnue, sa Maman l’a reconnu en Mars 1906 il a porté son nom jusqu’à ce que son Papa le reconnaisse. Il avait 7 ans au mariage de ses Parents.
Une de mes arrière arrière grands-mères est mentionnée dans son acte de mariage comme étant fille de Monsieur X et de mère inconnue. J’ai pu remonter dans le temps et découvrir qu’elle avait été déclarée à la naissance comme née de père et de mère inconnus, mais qu’elle avait été reconnue quelques années plus tard en même temps que son frère et sa soeur cadets uniquement par son père. En fait, leur mère était mariée mais son mari l’avait abandonnée, sans lui donner de nouvelles. Elle avait vécu et eu des enfants avec un nouveau compagnon (Monsieur X) qu’elle ne pouvait pas épouser tant qu’elle n’avait pas la preuve du décès de son époux officiel ; elle ne pouvait pas les reconnaître elle-même car ils auraient été alors considérés comme les enfants de cet époux disparu. Monsieur X a dû néanmoins comprendre la nécessité que ses filles et son fils ne soient pas considérés toute leur vie comme étant nés de parents inconnus ; il a donc pris le temps de les reconnaître seul. Plus tard, quand le décès du mari fut confirmé, il a pu épouser la mère de ses enfants mais jamais elle ne les a officiellement reconnus.
Bonjour,
Je découvre votre blog… que je vais parcourir… par le biais de votre article concernant les enfants nés de mères inconnues. J’ai lu et déchiffré probablement des milliers et des milliers d’actes (c’est mon quotidien !), et, savez-vous, cette mention n’est pas aussi rare qu’on veut bien le croire.
Il y a déjà les enfants trouvés et les abandonnés… et on en trouve beaucoup. Et puis , il y a aussi des femmes qui envoient quelqu’un pour déclarer la naissance, et qui ne veulent pas qu’on sache qu’elle est la mère de l’enfant…..
J’ai plusieurs blogs et sites, mais je vous indique un petit blog sur la ville que j’habite.
Seriez-vous preneurs d’articles ?
Cordialement.
Jean-Pierre BERNARD.
bonjour nee de mere inconnu j’ai appris qu’elle m’avait reconnu quand j’ai eu 42 ans avait elle le droit?elle m’a elevee jusqu’a mes 7 ans puis m’a abandonne
devrais paye si un jour elle était dans le besoin?? le maire du village ou vis celle qui m’a eleve de 7 a 20 ans m’a fait signe un papier pour que celle ci touche la retraite pour avoir eleve 5 enfants 3 a elle mon frere et moi que ma mere lui a abandonne mais il me semble que ma mere touche aussie pour avoir eleve 5 enfants 3 a elle et nous 2 qu’elle a abandonne a t’elle le droit
merci de votre reponse
cordialement
Il y a le cas d’une naissance, la mère mariée et en instance de divorce a conçue avant le délai de viduité . Pour que le père naturel puisse reconnaitre l’enfant il est obligatoire que l’acte de naissance porte la mention de mère inconnue, le père naturel reconnait l’enfant qui porte son nom Dans ce cas quand le divorce est prononcé et que la mère épouse le père de son enfant il est légitimée au mariage après qu’elle l’ai elle même reconnue.
je confirme c’est mon cas je suis née en 1948 de mère inconnue seul mon père biologique figure sur mon acte de naissance car ma mère quoique séparée était toujours mariée avec son 1° mari depuis 1936 et n’a pu épouser mon père qu’en 1952 après le divorce prononcé ( a l’époque très long)
et Donc seule solution pour éviter condamnation adultère amende etc.
…. Ma mère m’a reconnue par le mariage (c’était un sujet tabou donc silence pendant 55 ans) regrets je l’ai découvert tardivement quand elle était perdue au fond du puit Alzheimer