Erreurs généalogiques

Vérité, par Alexandre Fragonard

Dans les arbres généalogiques, les erreurs sont fréquentes. C’est le lot de toute discipline qui rime avec informations, bases de données, saisie manuelle, recherches et déductions, copies et recopies…

Avant d’évoquer les différentes erreurs en généalogie et leurs conséquences, parlons… des généalogistes eux-mêmes !

Le généalogiste face à l’erreur

Le généalogiste : en quête de la vérité

Je cherche la vérité, par BenLes généalogistes sont pour la plupart conscients de l’existence des erreurs et soucieux de les traquer et de les corriger. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les pages d’accueil des généalogies publiées sur Internet (sites Web personnels, arbres généalogiques sur GeneaNet, etc.). Nombreuses sont celles sur lesquelles l’auteur, présentant le fruit d’années et d’heures de travail, avertit son lecteur : « cette généalogie contient sans doute des erreurs »… Il s’excuse presque par avance d’avoir failli à son devoir envers la vérité historique et généalogique !

On croise aussi de nombreux généalogistes pour lesquels on ne badine pas avec la « Vérité » en généalogie. Certains vous signaleront aimablement une erreur dans votre arbre. D’autres le feront sur un ton au choix outré, supérieur ou agressif… voire les trois à la fois. Quelques-uns prendront même la peine de publier de longues pages sur Internet, pour rétablir des vérités sur quelques ancêtres de leur ascendance. Cf. par exemple sur le site FrancoGène.

Mais s’ils partagent le souci de l’exactitude, les généalogistes ne mettent pas tous autant de soin à éviter les erreurs. Ce peut être une question de personnalité, de méthode de recherche ou d’organisation personnelle. Les années de pratique de la généalogie comptent aussi. Lorsqu’on démarre, on veut surtout collecter des ancêtres et voir son arbre croître rapidement. Le souci de vérifier, de s’assurer de la véracité des informations possédées ne vient que plus tard.

MistakeL’erreur en généalogie : une malédiction

Dans de nombreux domaines, l’erreur est présentée comme une bénédiction, voire un passage obligé vers un résultat ou un lendemain meilleur. De nombreux pédagogues vous vanteront ainsi son rôle bénéfique dans l’apprentissage. Les chercheurs de leur côté voient souvent dans l’erreur un vecteur de découvertes et donc d’innovation.

Pour les généalogistes, en quête de la vérité, l’erreur est un échec, une malédiction.

Les erreurs en généalogie

Nature et origine des erreurs généalogiques

Les erreurs en généalogie sont de toutes natures : dates fausses ou inexactes, mauvais lieu renseigné, filiations erronées, noms ou prénoms mal orthographiés (au-delà des variantes), sexe erroné, mauvaises informations rattachées à un individu, données corrompues…
Je n’évoque évidemment pas ici les informations fabriquées ou sciemment omises et autres escobarderies, qui feront l’objet d’un prochain article sur les mystifications généalogiques.

Les causes de ces inexactitudes et faussetés sont aussi diverses.

Difficile de les classer par ordre d’importance, alors citons :

  • les erreurs de saisie et « fautes » de frappe
  • la difficulté de lecture de certains actes
  • un certain manque de rigueur (date de naissance / date de baptême…) ou un peu d’étourderie
  • les recopies d’informations sans vérification
  • la confusion d’individus homonymes
  • les erreurs méthodologiques (ex. filiations non prouvées, hypothèses hasardeuses…)

Votre logiciel de généalogie ne sera pas un garde-fou très efficace contre les erreurs. Il vous signalera sans doute l’incohérence d’une filiation dans laquelle la mère serait âgée de 10 ans, ou encore un âge aberrant. Mais si vous rattachez un enfant au mauvais père…
Le logiciel sera lui-même source d’erreurs, souvent du fait de ses – par ailleurs très pratiques – fonctionnalités avancées. Ainsi, l’auto-complétion pourra transformer un « François » en « Françoise », individu auquel le logiciel attribuera automatiquement le sexe féminin. Une fusion malencontreuse de deux individus ou l’intégration ratée d’un fichier gedcom polluera votre base de données…

 

Quand le généalogiste est trahi par ses sources… 1

Les registres eux-mêmes peuvent être source d’erreurs. Un acte original peut ainsi contenir une erreur (sur un nom de famille par exemple) ou une approximation (l’âge au décès), commise par son rédacteur ou le déclarant. La copie peut parfois ne pas être conforme à l’original.

À la réflexion, ce n’est pas si surprenant, mais on aurait tendance à l’oublier.

Sur le sujet, cf. par exemple ce long article sur les erreurs dans l’état civil.

Enfin, une des caractéristiques concernant les erreurs est que la plupart ne sont pas immédiatement visibles, mais sournoisement lovées sur quelques ramures plus ou moins éloignées de l’arbre généalogique.

Les conséquences des erreurs en généalogie

Bon, soyons honnêtes, pas de conséquences tragiques aux erreurs généalogiques. On n’a pas encore vu de chercheur poussé à bout craquer et débarquer armé en salle de lecture aux AD…

La première conséquence des erreurs généalogiques est évidemment d’intégrer à l’arbre des informations, voire des filiations, erronées. Les statistiques issues de votre base de données s’en trouvent aussi faussées.
Encore plus dommageable, les méprises généalogiques peuvent amener des difficultés ou des blocages dans les recherches. Un généalogiste peut aussi passer et donc perdre des heures sur une branche n’appartenant en fait pas à son ascendance. Reste le plaisir de la recherche…

La branche cassée, par Albert Wolff, 2011

Si l’on publie sa généalogie, les erreurs vont sans coup férir se répandre à la vitesse de l’Internet, avec un double effet « kiss cool » : vous conforter dans vos erreurs – vous retomberez bientôt sur des données confirmant les vôtres, car copiées sur votre arbre – et provoquer parfois quelques échanges houleux avec d’autres généalogistes – mais l’avantage est que vous pourrez alors corriger.

La rectification de l’erreur sera elle-même non dénuée de conséquences.
Des recherches à recommencer, la disparition d’un lien avec un ancêtre illustre…

Dans l’article suivant, je partage quelques conseils pour éviter les erreurs en généalogie.

Des erreurs généalogiques à la une

Certaines méprises généalogiques se retrouvent parfois… à la une de la presse !

Louis VOLANT, dans l’ascendance de J.K. ROWLING

J.K. ROWLING, 2005Ce fut le cas l’an dernier d’une erreur dans l’ascendance de Joanne ROWLING, la « maman » d’Harry Potter, une confusion entre deux individus homonymes. Bon, cette anecdote n’a pas fait la une, mais a été commentée par Voici ;-), mais aussi par la très sérieuse Revue française de généalogie.

Lors de son passage dans l’émission Who do you think you are, J.K. ROWLING a découvert que contrairement à ce qu’elle croyait jusqu’alors, son arrière-grand-père français Louis VOLANT n’était pas ce héros de la première Guerre Mondiale, né à Oyonnax (Ain) en 1878 et décoré de la Légion d’Honneur. Son véritable arrière-grand-père maternel, qui fut aussi du nombre des Poilus, était en fait né Louis SCHUCH à Paris en 1877, avant d’être légitimé lors du mariage de ses parents, en 1882 à Levallois-Perret.

Des erreurs dans les généalogies d’autres personnages publics

Un autre cas qui a retenu mon attention est celui de Marie BOURDON, épouse de Jean CADIEUX, « coureur des bois » et figure historique de la fondation du Québec. Un débat est ouvert entre les généalogistes québécois sur le fait que Marie BOURDON serait « Mehwatta », d’origine algonquine.
Ici par exemple un article qui étudie ce mythe généalogique, et semble avoir tranché la question.

Paul DESCHANEL, président français & Emily DESCHANEL, actrice américaineJ’ai aussi évoqué sur le blog la fausse filiation des actrices Emily et Zooey DESCHANEL avec le président français Paul DESCHANEL. Et lors de mon exploration de la généalogie des sœurs DESCHANEL, j’ai découvert une erreur dans l’ascendance française qu’on peut trouver sur Internet.

La citation

« Sauf erreur, je ne me trompe jamais. »

Alexandre Vialatte

1. J’aurais pu écrire un article spécifique uniquement sur les ascendances nobles. Le nombre d’erreurs dans les nobiliaires, les notices généalogiques et autres ouvrages généalogico-historiques concernant la noblesse est en effet considérable. J’évoquerai ce point dans le troisième article.

Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

10 réponses à Erreurs généalogiques

  1. Benoît PETIT dit :

    Bonjour Tatiana,
    Les erreurs font, en effet, parties du lot quotidien du généalogiste.
    Surtout en remontant au XVIIIème siècle, beaucoup d’homonymies sont présentes et il faut s’armer de patience pour trouver le bon ancêtre… ou pas. Avec l’expérience, ces erreurs là sont moins courantes.
    Même si les arbres en ligne sont une source inestimable pour trouver une piste, je reste toujours assez méfiant et je vérifie moi-même via les archives en ligne notamment.
    Vérification est le maître mot du généalogiste 🙂
    Malheureusement, vérifier et superviser devrait être aussi la qualité première du chercheur d’ancêtre.
    Et souvent les erreurs sont reprises d’un arbre à un autre, et comme tu le dis, peuvent te conforter dans tes erreurs, surtout quand les sources ne sont pas évoquées.
    C’est très bien de faire un état des lieux sur ce sujet 🙂
    Bon WE
    Benoît

    • Tatiana dit :

      Merci Benoît pour ton sympathique commentaire et merci d’avoir partager mes articles.

      Je vois que nous partageons les mêmes bonnes pratiques. J’utilise moi aussi toutes les ressources qu’Internet met à notre disposition, mais tout en gardant un esprit critique et en réalisant une vérification systématique.

      Au plaisir de futures échanges sur ce blog, sur Twitter, Facebook…

    • cerveau odile dit :

      auguste chevalier mort le 06/12/1914 et non pas le 6 juin 1914 la guerre n’était pas encore déclarée
      Ta cousine
      Odile descendanr Chevalier Louis frère d’auguste

  2. Bonjour Tatiana,
    Bravo pour ce très bon article et sa lecture agréable. Tu as tout a fait raison, il faut dédramatiser l’erreur tout en ayant conscience qu’il faut être très vigilant pour ne pas perpétuer ces erreurs. Pour moi, le plus grand danger vient du fait de vouloir aller trop vite et de tenir pour vraies des « hypothèses hasardeuses » comme tu le dis très bien.
    Sans se crisper, il ne faut pas oublier que la généalogie reste une science et que chaque filiation devrait être prouvée par au moins un (plusieurs c’est encore mieux) document.
    Mais quand on débute, ce n’est pas facile à appréhender et comme on trouve tant de choses sur Internet, si facilement … c’est tellement tentant !
    En tout cas, je vais conseiller la lecture de ton article : ton analyse est très pertinente. J’attends la suite avec impatience !

    • Tatiana dit :

      Oui Isabelle, il est vrai que lorsqu’on débute la généalogie, l’enthousiasme et les ressources en ligne peuvent amener impatience et précipitation. Je te remercie de conseiller la lecture de mon article et espère qu’il pourra être utile à quelques ‘nouveaux » généalogistes pour éviter ces si désagréables erreurs.
      Amicalement,

  3. Bernard VIGUIER dit :

    Bonjour Tatiana, bonjour à tous !
    Excellent article que l’on devrait faire lire à tous les débutants (comme moi !) : pertinent, fort bien rédigé et avec une touche d’humour, qui n’empêche pas le sérieux du contenu.
    Bravo et merci !

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