Jean VILAR (1912-1971), le théâtre pour tous

Jean VILAR est sans conteste l’une des grandes figures du théâtre français au XXe siècle, chantre d’un théâtre qui place le public au cœur de la création, du théâtre pour tous.
Il est aussi un homme du sud, attaché à ses racines : « hors de Sète, écrira-t-il, un Sétois est toujours un enfant exilé ».

Découvrons sa vie, son parcours et sa généalogie.

Jean VILAR (1912-1971) : une vie vouée au théâtre

1912-1932 : une enfance sétoise

Sète - Mercerie Côme VilarJean Louis Côme VILAR naît le 25 mars 1912 à Sète, dans une famille de modestes boutiquiers. Ses parents, Étienne et Catherine, tiennent la mercerie Côme-Vilar, transmise de père en fils et sise rue Gambetta. Il porte les prénoms de ses deux grands-pères (Jean et Côme). En 1920 naît son unique frère, Lucien Léon, qui décède à l’âge de 19 ans. Jean en restera très marqué.

Son père, autodidacte épris de culture, devient son premier maître en l’initiant à la musique et aux classiques de la littérature. Il entamera d’ailleurs des études de Lettres à l’université de Montpellier.
Mais le 24 novembre 1932, Jean VILAR fuit son univers provincial. Il fugue et monte à la Capitale par le train de nuit, ne laissant qu’un mot à ses parents sur son oreiller: « Je vous aime mais je pars ».

1932-1946 : l’éclosion de l’homme… et de l’homme de théâtre

En 1932, il vit une véritable révélation en assistant par hasard  à une répétition de Richard III de Shakespeare. Il trouve alors sa vocation, et un second maître, Charles DULLIN (metteur en scène). Il monte sur scène pour la première fois en 1935, en tant que figurant dans Le Faiseur de Balzac au Théâtre de l’Atelier.

En 1941, il est démobilisé après l’opération d’un ulcère. Alors dans une extrême pauvreté, il se consacre à l’écriture et au théâtre, et sillonne les routes de Bretagne avec la troupe des comédiens de La Roulotte, liée au mouvement vichiste Jeune France et dont il deviendra co-directeur.
En 1942, il réalise sa première mise en scène avec La Danse de mort de Strindberg.

Jean VILAR épouse à Paris en 1942 la sétoise Andrée SCHLEGEL, artiste et poétesse. Trois enfants naîtront de cette union : Dominique en 1943 (actrice, décédée en 1995), Stéphane en 1944 (musicien et compositeur) et Christophe en 1947 (artiste-peintre).

En juillet 1943, il fonde sa propre compagnie, la Compagnie des Sept. La pièce Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot, créée en 1945 au théâtre du Vieux Colombier, impose VILAR comme acteur et metteur en scène au public et à la critique.

1947-1971 : Jean  VILAR, héraut de la culture pour tous

En 1947, il est invité par Christian ZERVOS, critique et collectionneur, et par le poète René CHAR à présenter une pièce lors de la première Semaine d’art en Avignon. Il y réalisera finalement trois créations, dont La tragédie du roi Richard II de William Shakespeare dans la célèbre cour d’honneur du Palais des Papes ; l’évènement qui s’appellera à partir de 1954 le Festival d’Avignon était lancé. Il le dirigea jusqu’à sa mort.

Jean VILAR vers 1943 | © Maison Jean Vilar Affiche du premier "Festival d'Avignon", 1947 | 1.bp.blogspot.com Avignon - Jean VILAR dans Richard II de Shakespeare | © Maison Jean Vilar
Jean VILAR et Gérard PHILIPE, 1951 | © Ministère de la Culture - Médiathèque du Patrimoine Le Théâtre National Populaire (TNP) | © Maison Jean Vilar Le TNP citoyen

En août 1951 on lui propose la direction du Palais de Chaillot, qu’il gardera jusqu’en 1963. Jean VILAR le renomme immédiatement Théâtre National Populaire (TNP). Il collabore notamment avec Gérard PHILIPE, avec qui il crée en 1951 Le Cid, mais aussi avec les jeunes Philippe NOIRET, Jeanne MOREAU, Michel BOUQUET…
Jean VILAR tente alors de rendre le théâtre accessible à tous. « L’art du théâtre ne prend toute sa signification que lorsqu’il parvient à assembler et à unir ».

Carte Postale maximum - Jean VILAR - 1er jour, 1971 affiche du Festival d'Avignon, 1954 Jean VILAR (1912-1971), homme de théâtre

À partir de 1961, le TNP se politise en créant – alors que la guerre d’Algérie fait rage – des pièces qui traitent du fascisme et de la justice militaire. En juillet 1968, le Festival est envahi par des contestataires et Jean VILAR, refusant de s’engager, devient leur cible. Il en sera très affecté (et sera même victime peu de temps après d’un premier infarctus).

Dans la nuit du 27 au 28 mai 1971, il décède d’un malaise cardiaque dans sa maison de Sète, Midi le Juste. Il repose – non loin de Paul VALÉRY – dans le cimetière marin de Sète, perché sur les collines pentues du Mont Saint-Clair et qui domine la ville, faisant face à la Méditerranée

Jean VILAR (1912-1971) : un homme du sud (généalogie)

Si Jean VILAR et son père Étienne Côme Bonnaventure sont nés à Sète (« Cette » à l’époque, la ville ayant changé de nom en 1973), la branche patronymique de Jean est originaire de la Cerdagne française (Pyrénées-Orientales) et notamment du village de Err, près de la frontière avec l’Espagne. C’est aussi le cas pour sa grand-mère Antoinette Marie Grâce PALAU. Jean VILAR possède donc, à n’en pas douter, quelques origines espagnoles, mais qui ne pourront être établies qu’une fois les archives des Pyrénées-Orientales en ligne…

La branche paternelle exerce depuis l’arrière-arrière-grand-père François Pierre VILAR (ou VILLARS) la profession de commerçant dans la maille. Si François Pierre VILAR était colporteur en bas et bonnèterie et son fils Pierre marchand de bas, le petit-fils Côme s’installera à Sète en créant la mercerie Côme Vilard, et il transmettra son commerce à son fils Étienne (père de Jean VILAR). Il épousera d’ailleurs la fille du marchand de bas ou marchand bonnetier Bonaventure PALAU.

VILAR est un nom formé par suffixation sur le latin villa, et qui désignait en principe une partie du domaine. A très vite pris le sens de hameau. Donc, celui qui habite le hameau, ou bien celui qui est originaire de l’un des nombreux villages portant ce nom [source GeneaNet]. Ici, il pourrait s’agir d’un lieu-dit d’une commune de l’Aude.

Carte Postale - Marchand de bas, 17e s.

La branche maternelle de Jean VILAR est très majoritairement originaire de Sète. Sa mère Catherine est fille de Jean BIRON et Colombe SALELLES (orthographié SALELLE sur le caveau familial). Il faut remonter à la Révolution, et à Marie MIRAMOND, arrière-arrière-grand-mère de Jean VILAR, pour trouver une branche à Marseillan, localité du canton de Béziers toute proche de Sète.

Fort logiquement, la plupart des ancêtres de Jean VILAR au côté maternel, et notamment son grand-père BIRON et ses deux arrière-grands-pères, exercent des métiers de la mer : marin, pêcheur, charpentier de navire, calfat ou calfaiteur, patron ou marin-pêcheur, poissonnière, ou encore pilote lamaneur ou arrimeur. Les autres ancêtres œuvrent dans le milieu viticole : patron de chais, soutireur de vin, tonnelier…

Le nom BIRON est un toponyme, désignant donc un individu originaire d’une localité nommée Biron. Difficile ici de situer précisément l’origine géographique de la famille, le plus proche lieu-dit « Biron » étant situé en Aveyron. SALLELES est aussi un toponyme surtout porté dans les Pyrénées-Orientales, où il désigne celui qui est originaire de la commune de Saleilles.

Carte Postale Ancienne - Cette / Sète (34) - Bateau-Pêcheur - La retardataire

Ressources sur Jean VILAR (1912-1971), homme de théâtre

Sa généalogie sur GeneaNet : Jean VILAR. Peut-être cousinez-vous avec lui ?

Quelques ouvrages :

Citations de Jean VILAR

« La culture, ce n’est pas ce qui reste quand on a tout oublié,
mais au contraire, ce qui reste à connaître quand on ne vous a rien enseigné. »

« Réunir dans les travées de la communication dramatique, le petit commerçant et le haut magistrat, l’ouvrier et le banquier, le facteur des pauvres et le professeur agrégé. »

 

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3 réponses à Jean VILAR (1912-1971), le théâtre pour tous

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