Acte pas banal : une inhumation mouvementée au XVIIIe siècle

Tombe 1743

 

Dans les foyers de Trébrivant (Trébrivan, actuelles Côtes-d’Armor), les veillées ont dû être pendant de longues années animées par le récit de l’inhumation mouvementée de Marie Urbane BRIANT.

 

Inhumation en 1743 à Clochemerle en Côtes-d’Armor…

Carte Postale Ancienne - Trébrivan (22) - L'EgliseL’action ne se déroule pas à Clochemerle ;-), mais dans le village de Trébrivan près Carhaix. Le 3 mai 1743 décède marie urbane briant agée d’environ 50 ans du vilage de botcoadic. Elle est inhumée le lendemain, 4 mai, dans une fosse et tombe entre le coeur et la table paschale située a la gauche de celle qui est vis a vis la porte de la table paschale au sanctuaire en y entrant, fermée d’une grosse pierre grise. Pas facile à situer, n’est-ce pas ? Pourtant, c’est bien là le nœud de l’histoire…

Les protagonistes

  • Ch. SIBIRIL, curé de Trébrivan
  • Marie Louise PHILIPPE épouse de François Louis MORDRET, fille de la défunte et instigatrice des événements que je vais vous conter
  • Pierre Louis MORDRETTE (ou MORDRET), frère de François Louis et, avec ses domestiques, « bras armé » de Marie Louise PHILIPPE
  • Corentin GUILLOU et Julien HAMON, domestiques dudit (Pierre Louis) MORDRET
  • Pierre et Hervé RIOU, fils de Jean RIOU, sacriste et fossoyeur ordinaire, malade et alité

Une tragi-comédie en trois actes

1743Le 4 mai 1743, la tombe familiale ne peut accueillir la dépouille de Marie Urbane BRIANT. En effet, mre louis philippe mari de la defunte, adrien et pierre louis philippe leurs enfans sont dans leur tombe et y sont enterré depuis environ six mois. Marie Louise PHILIPPE se met alors en tête d’enterrer sa mère dans l’église et en donne l’ordre à son beau-frère Pierre Louis MORDRET, accompagné de ses deux domestiques.
Le curé de Trébrivan décrit la famille Philippe-Mordret comme des personnes fieres et arrogantes qui veulent par autorithe se distinguer et l’on voulu faire dans toutes les occasions precedantes.
Louis PHILIPPE, époux de la défunte, était de son vivant procureur et notaire, tout comme François Louis MORDRET. Faut-il voir dans cette position sociale privilégiée l’origine de l’entêtement de Marie Louise à faire enterrer sa mère dans l’église du village ?

Malgré l’interdiction du curé et le refus des fils du fossoyeur, Pierre Louis MORDRET ouvre une tombe située entre le cœur et le sanctuaire, emplacement normalement réservé aux seigneurs de la paroisse. Accompagné de ses domestiques et d’un cousin de Marie Louise PHILIPPE, lourdement outillé, il investit  l’église dès 6 heures 30 du matin. Ils ouvrent alors par force et violance et voie de fait la tombe de mr le conte de la marche, ont depavé leglise retiré une prodigieuse quantité de terre. Imaginez la scène !
Ils abandonnent finalement la tombe ainsi ouverte car sa configuration, entourée et cornée interieurement de grosses pierres taillées et massonage, ne permet pas d’y enterrer le corps de Marie Urbane BRIANT !

Les protestations du curé et les propositions des fils du fossoyeur n’y feront rien. La bande Philippe-Mordret finira par creuser une autre tombe dans l’église, en faisant un bruit et un tumulte qui scandalisoient les fidèles, tandis que Mr le recteur s’était retiré pour échapper au vacarme…
Le curé du village, outré par de tels agissements et sans doute aussi pour se prémunir de toute sanction, fait ensuite le récit détaillé de cette inhumation mouvementée, en s’entourant de nombreux témoins.

L’inhumation mouvementée de Marie Urbane BRIANT, le 4 mai 1743 à Trébrivan : le récit du curé SIBIRIL

Trébrivan (22) - inhumation de Marie Louise BRIANT, 1743 - BMS 1700-1752 vue 305

Trébrivan (22) - inhumation de Marie Louise BRIANT, 1743 - BMS 1700-1752 vue 305

Trébrivan - BMS 1700-1752 vue 305 | © Archives Départementales des Côtes-d'Armor (22)

Carte Postale Ancienne - Trébrivan (22) - L'Eglise

 

Je remercie vivement un des lecteurs du blog, Yvon L., qui m’a fort gentiment signalé cet acte pas banal.

La citation

« Je te le redis de vivement prendre la porte. Ou je vas te botter les fesses, François! »

Gabriel Chevallier, Clochemerle (1934)

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