
Pierre BOULLE, ce nom de vous dit rien ? Pourtant vous le connaissez. Vous avez forcément déjà entendu cette version sifflée de La Marche du colonel Bogey (à écouter ici). Et vous avez déjà vu le film La planète des singes !
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir le destin peu ordinaire de cet homme, dont on fête le centenaire de la naissance.
Dans une première partie, explorez sa vie et son œuvre, puis dans une deuxième partie sa généalogie.
Pierre BOULLE (1912-1994), l’homme aux quatre vies 1
Enfance avignonnaise sans nuages, un drame, et une formation d’ingénieur à Paris (1912-1933)
Pierre naît le 20 février 1912 dans une famille de la bourgeoisie avignonnaise. Son père Eugène est un avocat lettré et brillant, et sa mère, Thérèse Seguin, sera pour lui un modèle de courage et de modestie. Il passe en Avignon un enfance heureuse, proche de la nature grâce au cabanon familial de « l’Ilon » sur le Rhône.
Après le lycée, il réussit le concours d’entrée à l’École Supérieure d’Electricité de Paris (Supélec), dont il sort ingénieur diplômé en 1933. Il revient alors en Avignon pour travailler. Entre-temps, son père est décédé (1926) et « l’Ilon » a été vendu…
Ingénieur dans la forêt tropicale en Malaisie (1936-1939)
En 1936 il est embauché par la SOCFIN, une firme britannique qui lui offre un poste d’ingénieur agronome… en Malaisie. Il travaille dans une plantation d’hévéas à 50 miles de Kuala-Lumpur.
Alors le jeune Pierre observe, s’imprègne, s’étonne… et amasse ainsi sans le savoir la matière et les décors de ses romans futurs. Mais la guerre arrive.
Après la guerre, il séjournera et travaillera de nouveau pendant trois ans en Malaisie.
Pierre BOULLE dans la guerre, en Asie (1939-1946)
Mobilisé en novembre 1939 à Saïgon, il multiplie les affectations en Cochinchine. Il est démobilisé en avril 1941. En juillet de la même année, il revient à Singapour (toujours la Malaisie) et s’engage dans les Forces Françaises Libres. Il devient officier de liaison (Sous-Lieutenant) du commandant Baron, responsable de la France Libre auprès des Britanniques. En août, en stage auprès de l’Intelligence Service anglais, il apprend les techniques d’espionnage et notamment à… faire sauter des ponts !
À partir de janvier 1942, sous l’identité de Peter John Rule, ressortissant anglais, il part en mission contre les Japonais, alliés des Allemands. En août, il descend le fleuve Namna dans l’espoir de gagner Hanoï, sur une embarcation de bambous qu’il a fabriquée. Au terme de ce périple rocambolesque, il est capturé et en octobre une cour martiale pétainiste de Hanoï le condamne aux travaux forcés à perpétuité.
Deux ans plus tard, en 1944, il parvient à s’évader de Saïgon et rejoint la Force 136 du SOE en Asie du Sud-Est à Calcutta. Lorsqu’il retrouve la France libérée par le général de Gaulle et les Forces françaises libres, les gouvernements français et anglais le couvrent de médailles pour ses exploits : Croix de Guerre, médaille de la Résistance, War Medal…
Pierre BOULLE, l’écrivain
William Conrad, premier roman de Pierre BOULLE, est publié en 1950. Il avait 38 ans et aucune formation littéraire, mais son histoire d’agents secrets a une aura d’authenticité qui séduit la critique.
Mais c’est Le pont de la rivière Kwai, publié en 1952 chez Julliard et Prix Sainte-Beuve la même année et son adaptation cinématographique en 1957 par David LEAN (7 oscars) qui lui offrent la célébrité mondiale.
En 1963 paraît le best-seller La planète des singes, considéré aujourd’hui comme un grand classique de la science-fiction. Le roman a fait l’objet de sept adaptations au cinéma – la dernière en 2011 – une série télévisées, des bandes dessinées…
Aucune des adaptations n’a jamais été vraiment fidèle à la version originale.
À relire donc ! 😉
L’œuvre de Pierre BOULLE est avant tout un questionnement sur la nature humaine. Le romancier fut, avec Jacques SPITZ et René BARJAVEL mais après José MOSELLI, un des pionniers de la science-fiction française. En 1976, pour l’ensemble de son œuvre, Pierre Boulle reçut le Grand Prix de la Société des gens de lettres.
Œuvres posthumes de Pierre BOULLE
Pierre BOULLE fut crématisé et ses cendres déposées dans la case 40 598 du columbarium du Père Lachaise à Paris. En novembre 2002, elles furent transférées dans le caveau de famille du cimetière Saint-Véran (Avignon), dans la 1ère division.
Cinq ans après la mort de Pierre Boulle, sa nièce, qu’il avait élevée comme sa propre fille, et son mari découvrirent de nouveaux manuscrits inédits dans les archives de l’auteur. Presque illisibles, il fallut repasser une à une les vingt mille pages découvertes pour les restaurer. À l’issue de ce fastidieux travail, un nouveau roman sortait de l’oubli : L’Archéologue et le Mystère de Néfertiti, probablement écrit entre 1949 et 1951, et désormais paru au Cherche-Midi en 2005, ainsi que des nouvelles inédites ou méconnues, réunies en un recueil : L’Enlèvement de l’Obélisque.
Françoise et Jean LORIOT ont fait don des manuscrits de Pierre BOULLE à la Bibliothèque nationale de France.
Pierre BOULLE (1912-1994), un illustre avignonnais (généalogie)
« BOULLE », un nom rare et tout en rondeur
Avec seulement 580 naissances entre 1891 et 1915 en France, le nom de famille BOULLE n’est pas très fréquent (classé 2176ème, très loin derrière son équivalent BOULET) 2.
Comme l’écrit joliment Marie-Thérèse Morlet, le patronyme BOULLE (ou BOULE) est à l’origine un surnom évoquant la rotondité
. Un lointain ancêtre devait donc être bien portant, comme on dit dans nos campagnes, et a légué cette caractéristique physique remarquable à ses descendants.
Une ascendance paternelle dans le Vaucluse et… les Ardennes
Pierre BOULLE est né en Avignon (84 Vaucluse), où l’on trouve une grande partie de son ascendance paternelle, et aussi maternelle – jusqu’à la Révolution. Il a deux sœurs, Madeleine (femme PERRUSSET) chez qui il résidera après son retour de Malaisie, et Suzanne.
Son arrière-arrière-grand-père Jean Louis François était originaire du village de Lapalud, à 50 km au nord d’Avignon. Décédé en 1844, il est à date le plus ancien ascendant de la branche patronymique identifié – les archives du Vaucluse ne sont pas encore en ligne. La famille pourrait donc être originaire du Vaucluse, mais aussi d’Ardèche, du Gard ou de la Drôme tous proches.
Le grand-père paternel de Pierre, prénommé Marius, épousa Marie Louise Claudine JONNART, née en Avignon mais dont la famille est originaire des Ardennes (08), canton de Charleville-Mézières. C’est Jean-Baptiste, arrière-grand-père de Pierre né à Saint-Laurent (08) en 1818 qui épousa en Avignon en 1846 Anne Élisabeth MAGNY, de souche avignonnaise.
Dans la famille BOULLE, on exerce des métiers de bureau : employé des Postes, comptable, avocat… Les JONNART (ou JONARD) étaient armuriers et militaires, les MAGNY maçons… Étonnamment, on trouve peu de représentants du monde paysan dans l’ascendance de Pierre BOULLE.
Une ascendance maternelle avignonnaise connue dans l’imprimerie
La branche maternelle de Pierre BOULLE est issue d’une famille bourgeoise d’Avignon, les SEGUIN, imprimeurs-libraires depuis le XVIIIe siècle. Faut-il voir là l’origine de sa vocation d’écrivain ? Le patronyme SEGUIN (ou SÉGUIN) est assez courant et vient d’un nom de personne d’origine germanique (de sig-, victoire, et –wim, l’ami). François SEGUIN acheta en 1796 l‘hôtel de Brancas, situé au n° 13 de la rue de la Bouquerie. L’imprimerie s’installa plus tard sur un terrain adjacent et l’Hôtel de Brancas fut transformé, après 1916, en école communale de filles.
On trouve dans l’ascendance SEGUIN, très urbaine, de nombreux commerçants et artisans (marchand, cordonnier, cafetier…). Mais elle compte aussi quelques notables, comme Jean François Agricol3 BASTIDE, chirurgien, Joseph Eugène BASTIDE, juge au tribunal civil et adjoint au maire d’Avignon, Jean Bruno BUSQUET, docteur en médecine, chirurgien en chef des Hospices, Antoine PONS, notaire royal… |
La genèse de Mirèio :
Source : site de Maillane (Bouches-du-Rhône), par Claude Mauron, professeur à l’Université de Provence, Aix-Marseille. |
Noms et lieux de la généalogie de Pierre BOULLE
- Avignon (84) : ANASTAY, AUBENAS, AVON, BARNOUIN, BASTIDE, BUSQUET, DESANDRÉ, DUCROS, CHOSSON, GARANJOUX, IMBERT, JONNART, LEFRANC, LHERMITTE, MAGNY, PONS, PONTION, PUJOLAS, RADAL, SEGUIN, TACCUSSEL, VERNAY
- Ayvelles (Les) (08) : PAPEAU, JONNART
- Bazeilles (08) : LEFRANC
- Beaucaire (30) : ANTHOINE / ANTOINE, PUJOLAS
- Bédarrides (84) : ANASTAY, PONS, VERNAY
- Carpentras (84) : LHERMITE / LHERMITTE
- Jonquières (11) : PONS
- Lapalud (84) : BARNOUIN, BOULE / BOULLE
- Lyon (69) : GARANJOUX
- Paris (75) : BOULLE
- Remilly-les-Pothées (08) : GOUTANT / GOUTAND, JONNART / JONARD, VAUCHER / VAUCHET
- Roquemaure (30) : PONTION
- Saint-Laurent (08) : LECOMTE, LEFRANC, JONNART / JONARD, JOURDIN
- Saze (30) : BUSQUET
Retrouvez la généalogie de Pierre BOULLE sur GeneaNet ou GeneaStar.
Ici, des liens Internet et des vidéos concernant Pierre BOULLE.
Et là les œuvres de Pierre BOULLE.
La citation de Pierre BOULLE
« Des hommes raisonnables ? Des hommes détenteurs de la sagesse ? Des hommes inspirés par l’esprit ? Non, ce n’est pas possible ; là, le conteur a passé la mesure. »
La planète des singes, 1963
1. Sources pour la biographie de Pierre BOULLE :
2. Source geopatronyme.com.
3. « Agricol » : prénom surprenant venant de Saint-Agricol, évêque d’Avignon entre 660 et 700 et patron de la ville depuis le XVIIe siècle.
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