Dans les arbres généalogiques, les erreurs sont fréquentes. C’est le lot de toute discipline qui rime avec informations, bases de données, saisie manuelle, recherches et déductions, copies et recopies…
Avant d’évoquer les différentes erreurs en généalogie et leurs conséquences, parlons… des généalogistes eux-mêmes !
Le généalogiste face à l’erreur
Le généalogiste : en quête de la vérité
Les généalogistes sont pour la plupart conscients de l’existence des erreurs et soucieux de les traquer et de les corriger. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les pages d’accueil des généalogies publiées sur Internet (sites Web personnels, arbres généalogiques sur GeneaNet, etc.). Nombreuses sont celles sur lesquelles l’auteur, présentant le fruit d’années et d’heures de travail, avertit son lecteur : « cette généalogie contient sans doute des erreurs »… Il s’excuse presque par avance d’avoir failli à son devoir envers la vérité historique et généalogique !
On croise aussi de nombreux généalogistes pour lesquels on ne badine pas avec la « Vérité » en généalogie. Certains vous signaleront aimablement une erreur dans votre arbre. D’autres le feront sur un ton au choix outré, supérieur ou agressif… voire les trois à la fois. Quelques-uns prendront même la peine de publier de longues pages sur Internet, pour rétablir des vérités sur quelques ancêtres de leur ascendance. Cf. par exemple sur le site FrancoGène.
Mais s’ils partagent le souci de l’exactitude, les généalogistes ne mettent pas tous autant de soin à éviter les erreurs. Ce peut être une question de personnalité, de méthode de recherche ou d’organisation personnelle. Les années de pratique de la généalogie comptent aussi. Lorsqu’on démarre, on veut surtout collecter des ancêtres et voir son arbre croître rapidement. Le souci de vérifier, de s’assurer de la véracité des informations possédées ne vient que plus tard.
L’erreur en généalogie : une malédiction
Dans de nombreux domaines, l’erreur est présentée comme une bénédiction, voire un passage obligé vers un résultat ou un lendemain meilleur. De nombreux pédagogues vous vanteront ainsi son rôle bénéfique dans l’apprentissage. Les chercheurs de leur côté voient souvent dans l’erreur un vecteur de découvertes et donc d’innovation.
Pour les généalogistes, en quête de la vérité, l’erreur est un échec, une malédiction.
Les erreurs en généalogie
Nature et origine des erreurs généalogiques
Les erreurs en généalogie sont de toutes natures : dates fausses ou inexactes, mauvais lieu renseigné, filiations erronées, noms ou prénoms mal orthographiés (au-delà des variantes), sexe erroné, mauvaises informations rattachées à un individu, données corrompues…
Je n’évoque évidemment pas ici les informations fabriquées ou sciemment omises et autres escobarderies, qui feront l’objet d’un prochain article sur les mystifications généalogiques.
Les causes de ces inexactitudes et faussetés sont aussi diverses.
Difficile de les classer par ordre d’importance, alors citons :
Votre logiciel de généalogie ne sera pas un garde-fou très efficace contre les erreurs. Il vous signalera sans doute l’incohérence d’une filiation dans laquelle la mère serait âgée de 10 ans, ou encore un âge aberrant. Mais si vous rattachez un enfant au mauvais père… |
Quand le généalogiste est trahi par ses sources… 1 Les registres eux-mêmes peuvent être source d’erreurs. Un acte original peut ainsi contenir une erreur (sur un nom de famille par exemple) ou une approximation (l’âge au décès), commise par son rédacteur ou le déclarant. La copie peut parfois ne pas être conforme à l’original. À la réflexion, ce n’est pas si surprenant, mais on aurait tendance à l’oublier. Sur le sujet, cf. par exemple ce long article sur les erreurs dans l’état civil. |
Enfin, une des caractéristiques concernant les erreurs est que la plupart ne sont pas immédiatement visibles, mais sournoisement lovées sur quelques ramures plus ou moins éloignées de l’arbre généalogique.
Les conséquences des erreurs en généalogie
Bon, soyons honnêtes, pas de conséquences tragiques aux erreurs généalogiques. On n’a pas encore vu de chercheur poussé à bout craquer et débarquer armé en salle de lecture aux AD…
La première conséquence des erreurs généalogiques est évidemment d’intégrer à l’arbre des informations, voire des filiations, erronées. Les statistiques issues de votre base de données s’en trouvent aussi faussées.
Encore plus dommageable, les méprises généalogiques peuvent amener des difficultés ou des blocages dans les recherches. Un généalogiste peut aussi passer et donc perdre des heures sur une branche n’appartenant en fait pas à son ascendance. Reste le plaisir de la recherche…
Si l’on publie sa généalogie, les erreurs vont sans coup férir se répandre à la vitesse de l’Internet, avec un double effet « kiss cool » : vous conforter dans vos erreurs – vous retomberez bientôt sur des données confirmant les vôtres, car copiées sur votre arbre – et provoquer parfois quelques échanges houleux avec d’autres généalogistes – mais l’avantage est que vous pourrez alors corriger.
La rectification de l’erreur sera elle-même non dénuée de conséquences.
Des recherches à recommencer, la disparition d’un lien avec un ancêtre illustre…
Dans l’article suivant, je partage quelques conseils pour éviter les erreurs en généalogie.
Des erreurs généalogiques à la une
Certaines méprises généalogiques se retrouvent parfois… à la une de la presse !
Louis VOLANT, dans l’ascendance de J.K. ROWLING
Ce fut le cas l’an dernier d’une erreur dans l’ascendance de Joanne ROWLING, la « maman » d’Harry Potter, une confusion entre deux individus homonymes. Bon, cette anecdote n’a pas fait la une, mais a été commentée par Voici ;-), mais aussi par la très sérieuse Revue française de généalogie.
Lors de son passage dans l’émission Who do you think you are, J.K. ROWLING a découvert que contrairement à ce qu’elle croyait jusqu’alors, son arrière-grand-père français Louis VOLANT n’était pas ce héros de la première Guerre Mondiale, né à Oyonnax (Ain) en 1878 et décoré de la Légion d’Honneur. Son véritable arrière-grand-père maternel, qui fut aussi du nombre des Poilus, était en fait né Louis SCHUCH à Paris en 1877, avant d’être légitimé lors du mariage de ses parents, en 1882 à Levallois-Perret.
Des erreurs dans les généalogies d’autres personnages publics
Un autre cas qui a retenu mon attention est celui de Marie BOURDON, épouse de Jean CADIEUX, « coureur des bois » et figure historique de la fondation du Québec. Un débat est ouvert entre les généalogistes québécois sur le fait que Marie BOURDON serait « Mehwatta », d’origine algonquine.
Ici par exemple un article qui étudie ce mythe généalogique, et semble avoir tranché la question.
J’ai aussi évoqué sur le blog la fausse filiation des actrices Emily et Zooey DESCHANEL avec le président français Paul DESCHANEL. Et lors de mon exploration de la généalogie des sœurs DESCHANEL, j’ai découvert une erreur dans l’ascendance française qu’on peut trouver sur Internet.
La citation
« Sauf erreur, je ne me trompe jamais. »
Alexandre Vialatte
1. J’aurais pu écrire un article spécifique uniquement sur les ascendances nobles. Le nombre d’erreurs dans les nobiliaires, les notices généalogiques et autres ouvrages généalogico-historiques concernant la noblesse est en effet considérable. J’évoquerai ce point dans le troisième article.
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