Jean FRANÇAIX (1912-1997), pianiste et compositeur

Jean FRANÇAIX (1912-1997), compositeur

 

Nous avons rendez-vous aujourd’hui avec Jean FRANÇAIX, pianiste et compositeur français dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance (figurant officiellement au recueil des commémorations nationales 2012).

Jean FRANÇAIX (1912-1997), dès son enfance, une vie en musique…

Jean FRANÇAIX à 3 ans, 1915, Le Mans (Sarthe) | © archives familiales FrançaixJean René Désiré FRANÇAIX est né le 23 mai 1912 au Mans (Sarthe). Son père Alfred était venu s’installer dans cette ville rurale pour prendre la direction du conservatoire et y avait rencontré Jeanne Pauline PROVOST, professeur de chant, devenue sa femme.
À l’âge de huit ans, il écrit : Mon papa s’appelle Alfred : il a quarante ans. Ma maman s’appelle Jeanne : elle a trente-cinq ans. Mon papa est professeur de piano, ma maman est aussi un professeur de chant, je me nomme Jean Françaix. Le matin j’étudie mon piano, deux heures et demie. L’après-midi, je fais mes devoirs avec ma mère-grand […]. Non, je n’ai ni frère, ni sœur mais j’ai une petite cousine qui s’appelle Jacqueline avec laquelle je me marierai quand je serai grand mais il faudra que je gagne ma vie alors je me mettrai compositeur.
"profession de foi" de Jean FRANÇAIX à 12 ansDans cet entourage familial favorable (ses grands-parents maternels étaient aussi d’émérites musiciens, violoncelliste autodidacte et pianiste primée), le jeune Jean fera en outre montre de dons musicaux extraordinaires, qui conforteront sa vocation artistique. Il compose sa première œuvre, dédiée à sa petite cousine ; il est alors âgé de dix ans. Dès 1923, il obtient une certaine notoriété et la reconnaissance des chroniqueurs musicaux ; l’Ouest-Eclair évoque le pianiste en ces termes élogieux : jeune virtuose du piano en route vers les plus hauts sommets, et la même année cite le jeune prodige Jean Françaix, qui montra au piano des dons véritablement merveilleux.
Il remporte, à 18 ans, son premier prix de piano au Conservatoire de Paris. Deux ans plus tard, il représente, avec Claude Delvincourt, la jeune école française au Festival International de Vienne, où l’on joue ses « Huit Bagatelles » , qui remportent un triomphe. Sa composition de jeunesse, le « Concertino pour piano » (1932) connaît un succès immédiat.

Jean FRANÇAIX en 1926 | © archives familiales Françaix Jean FRANÇAIX (1912-1997), compositeur | naxos.com affiche officielle du centenaire - Jean Françaix (1912-1997), compositeur

Jean FRANÇAIX sera un compositeur prolifique, touchant à tous les genres musicaux. Il écrit les musiques de seize ballets, compose cinq opéras et opéras comiques, d’autres œuvres vocales, de très nombreuses pièces de musique de chambre ainsi que dix musiques de film pour Sacha GUITRY, dont le fameux « Si Versailles m’était conté » (1954).
Son œuvre majeure (cf. la biographie du compositeur par son fils Jacques) est « L’Apocalypse selon Saint Jean », oratorio pour choeurs, soli et orchestre, créée pour la première fois à Paris en 1942.

photo de mariage de Jean FRANÇAIX et Blanche YVON, 1937De sa vie privée, on ne sait que très peu de choses. Il épousa en août 1937 en la cathédrale Saint-Julien au Mans (Sarthe) Blanche YVON (… et oui !), violoniste et chanteuse soliste. Sans conteste un sentiment très fort les liait. Jean avait écrit après leur rencontre : je veux que ce soit la douceur et la fierté de ma vie de la rendre heureuse et de l’aimer sans nuage jusqu’à mon dernier souffle. Tout au long de leurs soixante ans de vie commune, le compositeur signa tous ses écrits de leurs deux initiales « JB ».
De leur union naquirent deux filles Claude (pianiste) et Catherine, et un fils, Jacques.

Jean FRANÇAIX rencontre plus de succès à l’étranger qu’en France, surtout en Allemagne, au Japon et aux États-Unis. En 1992, il reçoit pour l’ensemble de son œuvre le Prix international de composition Arthur Honegger. Le compositeur était aussi Officier de la Légion d’Honneur et de l’ordre national du Mérite, et commandeur des Arts et des Lettres.

Myope et malicieux, ses yeux clignent derrière de grosses lunettes. Il tire d’une sorte de rhume chronique l’effet le plus spirituel du monde. Par là-dessus, fort intelligent et d’une gentillesse qui découragerait celui ou celle qui aurait le courage de lui dire des choses pas gentilles. C’est en ces termes que Bernard GAVOTY et Daniel LESUR évoquaient le compositeur, dans les années 1950.

La généalogie de Jean FRANÇAIX (1912-1997), compositeur

Les origines nordistes, sarthoises et lorraines de Jean FRANÇAIX

Jean FRANÇAIX, son épouse Blanche et ses trois enfants , en compagnie de ses parentsJean FRANÇAIX est issu de la rencontre d’un nordiste et d’une sarthoise d’origine lorraine par sa mère. Il connaissait son ascendance et l’avait évoquée dans une courte auto-biographie rédigée en 1989 : Mon père avait le calme et l’obstination des gens du Nord de la France; ma mère était volcanique, quoique Mancelle, avec une ascendance lorraine. Je possède, comme il se doit, de l’un et de l’autre, le volcan illuminant le paysage tranquille de mon âme.

Ce que Jean FRANÇAIX ignorait peut-être concernant son ascendance patronymique, c’est qu’après avoir remonté quatre générations ch’timi, on trouve un certain Antoine, perruquier, marié à Cambrai l’an XII de la République à Adélaide Josèphe COURTIN, originaire… d’Ussel en Corrèze ! C’est dans cette même ville du Limousin que l’on remonte ensuite à Baptiste, tailleur d’habits, puis Claude FRANÇEIX.
Le patronyme, par ailleurs extrèmement rare, a aujourd’hui disparu de la région (on ne trouve que deux « FRANÇAIS » dans les pages blanches, une variante plus courante de ce nom de famille).

Comme pour son père et son grand-père FRANÇAIX, l’ascendance de sa grand-mère paternelle, Delphine Célinie LETENEUR, est originaire d’Aubigny-au-Bac (Nord), ainsi que du village voisin d’Aubencheul-au-Bac, de celui, à peine plus éloigné, de Villers-au-Tertre et de quelques autres localités des actuels départements du Nord et du Pas-de-Calais. On trouve notamment une branche DELARUE à Somain (Nord). Les patronymes les plus présents au côté paternel sont DUMONT (le plus fréquent dans la généalogie, trois branches) DELANNOY, LEGRAND, MANTELLE, HURET et POULAIN.

Jeanne PROVOST épouse FRANÇAIX, à gauche, Alfred FRANÇAIX à droite sur cette photo de mariage (1939, Le Mans)

Mariage REYX - PROVOST, 1939, Le Mans

La branche paternelle de la mère du compositeur, Jeanne Pauline PROVOST, est sarthoise. Elle se situe d’abord au Mans (Sarthe), puis dès le début XIXe siècle, dans les communes avoisinantes : Torcé-en-Vallée, Beaufay, Saint-Corneille, Sillé-le-Philippe, Conlie, Saint-Symphorien…
Quant à l’ascendance de sa grand-mère maternelle, Anne Charlotte LECOMPTE, elle est uniquement lorraine. Le berceau familial se situe à Moirey (Meuse) du côté de Jean Baptiste LECOMPTE (Chevalier de la Légion d’honneur), qui a épousé en 1858 à Metz (Moselle) Virginie DOSSE, originaire de cette ville.

Quelques trouvailles dans la généalogie de Jean FRANÇAIX

En généalogie, on cherche beaucoup, et parfois survient, au bout de la patience et de pages et de pages de registres, la trouvaille, la pépite ! Dans la généalogie de Jean FRANÇAIX, elles ne manquent pas, jugez vous-même.

Comme dans beaucoup de généalogie, des implexes :

  • Jean FRANÇAIX descend par deux fois du couple Alexandre LEGRAND (ou LE GRAND, ça ne s’invente pas ;-)), fermier à Aubigny-au-Bac (Nord), et Jeanne Louise HURET. Par ce couple, Désiré FRANÇAIX et Delphine LETENEUR, ses grands-parents paternels, cousinaient au 8ème degré (en Droit civil, des explications ici).
  • Le compositeur est le descendant par quatre fois du couple François POL, brasseur puis cabaretier à… Aubigny-au-Bac bien sûr, et Adrienne DEBERCOURT. Il compte dans ses ancêtres trois des enfants du couple, Marie Thérèse, Pierre Louis et Jeanne Rose, et deux fois le couple formé par Jeanne Rose et Pierre Joseph MENTEL ou MANTEL(LE). Ce deuxième implexe est d’ailleurs dû à un mariage en 1783 à Aubigny-au-Bac entre Ange Marie Joseph MANTELLE et Désirée CRAMETTE, avec donc une dispense pour consanguinité au 2ème degré (en Droit canon cette fois).

Des ancêtres pas banals (disons qu’ils sont tous singuliers, uniques, mais certains « sortent de l’ordinaire ») :

  • signature de Marie RÉGISSAËRT, 1825Née d’une fille-mère et originaire de Tongres en Belgique, Marie RÉGISSAËRT, qui épousa en 1825 à Cambrai Antoine Joseph FRANÇAIX, coiffeur, arrière-arrière-grand-père de Jean.
  • signature de Jean Pierre DELATTRE, 1762Jean Pierre DELATTRE, laboureur à Aubigny-au-Bac, qui est dit… expatrié depuis vingt ans sur l’acte de mariage d’Ernestine en 1783. Il a donc dû disparaître juste après la naissance de sa fille.
  • signature de Célinie LEGRAND, 1879Peut-être la plus extra-ordinaire : Célinie Joseph LEGRAND, arrière-grand-mère de Jean FRANÇAIX, née… homme ! Elle fut déclarée le 15/07/1833 par son père sous les prénoms de Désiré Joseph. Le maire d’Aubigny-au-Bac écrit dans l’acte de naissance : un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté. Le tribunal de Douai a daigné rectifier l’erreur, dans un jugement daté de 7 jours avant son mariage avec Emmanuel LETENEUR.

Du côté des métiers :

  • signature de Désiré FRANÇAIX, 1880Désiré Antoine FRANÇAIX, grand-père de Jean, est dit rentier à la naissance de son fils Alfred (père de Jean) en 1880.
    Il est alors âgé de 29 ans !
  • Guillaume HURRET est murquinier à Aubigny-au-Bac (Nord). On dit aussi mulquinier ou musquinier. C’est un tisserand qui fabrique la batiste, une toile de lin très fine appelée aussi linon.

Quelques autres pépites pour terminer :

  • AM DUMONT Auguste Joseph x DUMONT Eulalie Joseph, an VI, Aubigny-au-Bac (59) - NMD 1793-1802 - vue 163Un ancêtre avec un prénom unique : Luxibie Bienvenu LETENEUR.
  • Un mariage DUMONT x DUMONT en 1797 (parenté non encore démontrée), ce qui donne un acte plein de… DUMONT : rien moins que six signataires porteurs du patronyme en bas de l’acte, dont les deux époux, Charles Auguste Joseph et Eulalie Joseph.

Pour en savoir plus sur Jean FRANÇAIX et écouter ses œuvres

Jean FRANCAIX (1912-1997), compositeur | francetv.fr

Citations de Jean FRANÇAIX

« A toi, cher Public averti, d’ouvrir tes oreilles et d’avoir le courage de penser : cette musique me plaît, ou me déplaît. Qu’il n’y ait entre ma musique et toi aucun intermédiaire plus ou moins intéressé, à orienter tes conclusions.
[…] laisse toi aller à ton plaisir, si tu en éprouves. »

« La rose " Blanche Françaix ", créée en 2012 par les Roseraies GuillotFaire quelque chose en partant de la feuille blanche, quelle ivresse ! Pouvoir sortir de sa prison personnelle, quel privilège !
Et le risque est nul: si le message est sans valeur, je ne serai plus là pour le constater… »

Jean FRANÇAIX

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