Jacques IBERT (1890-1962), compositeur aux racines normandes

 

Cette année marque le cinquantenaire de la disparition de Jacques IBERT (1890-1962), l’un des plus illustres compositeurs français du XXe siècle.
Je vous invite  aujourd’hui à découvrir ce personnage, sa vie et sa généalogie.

Jacques IBERT : des origines normandes par son père

Une ascendance paternelle IBERT ancrée en Normandie

Bords de Seine aux Andelys par Adolphe ALBERTJacques IBERT nait à Paris le 15 août 1890 et son père Antoine en 1853 à Rosny-sur-Seine (Seine-et-Oise, actuelles Yvelines). Mais c’est à Sainte-Geneviève-lès-Gasny (Eure) – à peine 15 kilomètres de Rosny-sur-Seine – en Normandie, que l’on trouve ses racines normandes, que l’on peut remonter jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Jacques IBERT sera fidèle à ses terres d’origine normandes. Il y passera tout d’abord ses vacances de jeunesse aux Andelys. En 1926, il acquiert une chaumière du XVIe siècle à Longuemare près des Andelys, où il passera chaque année de longs mois à travailler, dans la sérénité de la campagne.
Une rue et une école de musique portent aujourd’hui son nom dans la ville des Andelys (Eure).

Ses deux ancêtres connus les plus anciens se prénomment… Jacques (IBERT ou YBERT) et ont convolé en justes noces à Sainte-Geneviève-lès-Gasny en 1674 et 1719. Ils ont donné naissance à une lignée de vignerons – nombreux sur la région aux XVIIe et XVIIIe siècles, sans doute pour approvisionner Paris en « mauvais » vins – qui deviendront ensuite cultivateurs.

Jacques IBERT (1890-1962), compositeur | WikipédiaOn remarque dans l’ascendance IBERT un implexe. Son arrière-grand-père François Bruno IBERT et un autre arrière-grand-père Jean-Baptiste LANFANT épousèrent en effet deux filles HOTTOT, qui étaient cousines germaines.

C’est le grand-père de Jacques IBERT, Eugène Henry, qui au milieu du XIXe siècle entamera l’ascension sociale de la famille en s’établissant comme droguiste. Son fils sera, lui, commissionnaire en marchandises. Cela lui permettra sans doute de se marier à un bon parti, Marguerite LARTIGUE, mère de Jacques IBERT, comme lui-même le fera aussi en épousant en 1919 Rosette VEBER, sculpteur et fille du peintre Jean VEBER.

Le patronyme IBERT (onomastique)

IBERT est à l’origine un nom de personne germanique Idberht (id-, pourrait se rattacher au viel islandais idh, travail ; berht, brillant, illustre). [source Dictionnaire étymologique de Marie-Thérèse Morlet]

Jacques IBERT : d’illustres ancêtres au côté maternel

Une ascendance maternelle LARTIGUE parisienne et cosmopolite

J’ai moins étudié l’ascendance maternelle de Jacques IBERT, mais suis très vite arrivée à la conclusion qu’elle était beaucoup plus éclectique que celle de sa branche patronymique. En effet, si les LARTIGUE, apparemment originaires du Gers, sont parisiens dès le début du XIXe siècle, l’arrière-grand-père Bernard LARTIGUE a épousé en 1821 à Paris Caroline de (von) LEUCHSENRING, d’origine prussienne. Par ailleurs, sa grand-mère, Tomasa Isabelle BERASAR était elle née à Lima (Pérou).

Lartigue est un nom propre apparu dans le Sud-Ouest de la France et provenant de « artige » (terre à défricher). [source Wikipedia]

Une galerie d’illustres personnages

Jacques IBERT ne compte rien moins que quatre parents décorés de la Légion d’Honneur :

  • son grand-père Jules François Frédéric Auguste LARTIGUE (chevalier, 1863), haut-fonctionnaire qui fut notamment sous-chef du cabinet du Ministre des Finances ;
  • son grand-oncle Henry LARTIGUE (chevalier, 1880), ingénieur-électricien et inventeur et qui occupa entre autres le poste de directeur de la Compagnie des Téléphones ;
  • un oncle par alliance, Séverin GLEIZE de RAFFIN (chevalier, 1872, Officier, 1893), militaire ;
  • un autre oncle, Adolphe ALBERT (chevalier en 1906, puis nommé au grade d’Officier en 1917), cf. ci-contre. Il est le fils du premier mariage de la grand-mère de Jacques IBERT, Tomasa BERASAR, il embrasse tout d’abord la carrière militaire.

Il compte aussi dans sa famille Francisco MEDINA, ministre plénipotentiaire du Nicaragua et commissaire général pour ce pays lors de la fameuse Exposition de 1889 à Paris.

Il cousine par ailleurs avec le célèbre photographe Jacques-Henri LARTIGUE, par leurs arrière-grands-parents communs Bernard LARTIGUE x Caroline de LEUCHSENRING.

photographie par Jacques-Henri LARTIGUE - Avenue des Acacias, Paris 1911photographie par Jacques-Henri LARTIGUE

Adolphe ALBERT (1855-1938) par Toulouse-Lautrec, 1898Adolphe ALBERT (1855-1938) est un peintre et lithographe quelque peu oublié, meilleur ami de Toulouse Lautrec dont il sera le légataire universel. Il expose aux Indépendants de 1886 jusqu’à sa mort.
C’est un personnage central dans l’histoire familiale de Jacques IBERT 

Alors militaire en Afrique, il se lie d’amitié avec le peintre et caricaturiste Jean VEBER (futur beau-père de Jacques).
Le jeune Jacques IBERT passe ses vacances en Normandie chez cet oncle, chez qui il rencontre de grands artistes comme Claude Monet, Pissarro, Signac, Toulouse-Lautrec.

C’est lui que Jacques IBERT désigne pour sa réception à l’ordre de chevalier de la Légion d’Honneur en 1932.

Marguerite LARTIGUE : une mère d’influence

Excellente musicienne, mais à la vocation contrariée par son père, elle voulut que son fils Jacques devienne musicien à son tour et dès l’âge de 4 ans elle commença à lui enseigner la musique. Jacques prend plus tard des leçons de piano avec Marie DHÉRÉ (également professeur de sa future épouse Rosette VEBER).

On peut lire (mais je n’ai pas pu le prouver) qu’elle est la petite cousine de Manuel de FALLA, le célèbre compositeur espagnol. Il était en tous cas bien ami de la famille, puisque c’est sur les conseils du compositeur – lors de son séjour en France – que Jacques se présente au Conservatoire en 1910…

Jacques IBERT : le plus illustre d’entre les siens ?

Mais finalement, j’ai peu parlé du grand homme. Petit hommage en forme de chronologie :

Jacques IBERT (1890-1962), compositeur

vers 1938

  • 1918 : Croix de Guerre (après avoir été réformé pourtant en 1910)
  • 1919 : premier Grand Prix de Rome de composition musicale, pour sa cantate Le Poète et la Fée
  • 1932 : chevalier de la Légion d’Honneur
    1939 : Officier de la Légion d’Honneur
  • 1937 : nommé directeur de l’Académie de France à Rome (villa Médicis), premier musicien à occuper ce poste depuis la fondation de l’Académie en 1666, qu’il occupera pendant plus de 15 ans, avec une interruption pendant la seconde Guerre Mondiale (il fut en 1940 un des passagers du paquebot Massilia qui quitta Bordeaux)
  • 1955 : Administrateur de l’Opéra et de l’Opéra-Comique (1 an) ; Commandeur de la Légion d’Honneur
  • 1956 : Élu à l’Institut de France (Académie des Beaux-Arts)

La production de M. Jacques Ibert aborde tous les genres depuis le grand opéra jusqu’à l’humble feuillet d’album pianistique en passant par le quatuor à cordes et le concerto.
Parmi les partitions les plus caractéristiques de sa manière, il faut citer un poème symphonique d’après Oscar Wilde « La balade de la geôle de Reading » (monté à l’Opéra-Comique), ses « Escales » pour orchestre, ses « Histoires » pour piano, un opéra farce « Angélique », un opéra-comique « Le roi d’Yvetot » et toute une série d’oeuvres pour instruments à vent.
[source dossier Légion d’Honneur – base Léonore]

signature de Jacques IBERT (1890-1962), compositeur, 1932Site officiel (avec notamment une chronologie détaillée de sa vie, cliquez sur « Catalogue »).
Des liens Internet concernant Jacques IBERT.
La généalogie de Jacques IBERT (essentiellement patronymique) sur GeneaNet.

La citation de Jacques IBERT

« Ce qui compte en art est le plus souvent ce qui émeut que ce qui surprend. L’émotion ne s’imite pas : elle a le temps pour elle »

 

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